Les rubans de villas qui s’étendent le long des routes à la sortie des villages, des terrains autrefois dévoués à l’agriculture qui font place à des lotissements... Dans notre arrondissement, les zones résidentielles ne cessent de s’étendre. Entre 2002 et 2019, l’artificialisation y a progressé de 28,5% contre près de 18% pour le reste de la Wallonie.
129 hectares artificialisés à Herve
En superficie, Herve arrive en tête avec 129 hectares supplémentaires dévolus au logement, jardin, cour et garages ces 17 dernières années. Suivent Waimes, Malmedy, Saint-Vith et Jalhay.
A Herve, cet étalement s’explique notamment par le plan de secteur. Dans les années 70, il place de grandes superficies en zone d’habitat. "C’est surtout la répartition qui pose problème, constate Marc Drouguet, le bourgmestre de Herve. Cette répartition où on a une "rurbanisation" d’un village à l’autre."
L’étalement a un coût pour la collectivité
Chez nous, la tendance est à l’éparpillement. Un éparpillement qui n’est pas sans conséquence sur la mobilité car la voiture devient alors indispensable. Il impacte aussi la biodiversité ou le réchauffement climatique. Il représente des coûts pour la collectivité : il faut entretenir ces réseaux, épurer les eaux, y ramasser les ordures, y distribuer le courrier... "Je crois qu’il y a 40 ans qu’on a décidé du plan de secteur, on n’a pas tenu compte de tous ces paramètres-là, explique Marc Drouguet. Quand la Ville fait le choix d’urbaniser plutôt les centres urbains que les villages c’est aussi avec l’idée de faciliter l’équipement de toutes ces parcelles: on se met dans une zone avec une station d’épuration proche, on réfléchit à la mobilité... On se met dans des zones où on a des facilités. On n’en a pas tenu compte voilà 40 ans quand on a décidé d’avoir des zones urbanisables au milieu d’une prairie, loin d’un centre de village".
Des terrains à bâtir de 650-700m2 au lieu de 1200m2
A Waimes aussi l’urbanisation va bon train. La fonction résidentielle y a grignoté 126 hectares supplémentaires par rapport à 2002, soit une augmentation de 58%. Là aussi, Waimes tente de densifier son centre rural tout en ne s’opposant pas aux libertés individuelles. "Il faut garder l’identité des villages. Il ne faut pas non plus que les villages soient reliés les uns aux autres donc je comprends fort bien qu’on ne veut plus agrandir les villages. Il faut les densifier et il faudra un jour réfléchir différement, signale Daniel Stoffels, bourgmestre de Waimes. Aujourd’hui, des vieilles fermes sont achetées et transformées en 3 ou 4 appartements. On voit des terrains sur lesquels on densifie beaucoup plus. On voit des terrains de 650-700 mètres carré. Avant, ils avaient une superficie de 1000-1200 mètres carré. Donc, il y a une évolution naturelle liée aux coûts et à l’accessibilité et il est certain qu’on doit aller dans ce sens-là".
Cette année, la Région wallonne a décidé de mettre en place un groupe d’expert pour plancher sur la problématique. L’objectif est de freiner l’étalement urbain et d’y mettre fin dès 2050.