Entre crise énergétique et pénurie de personnel, des boulangeries doivent fermer

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La crise énergétique continue de faire des ravages. Les boulangeries, grosses consommatrices d’énergie, sont également touchées de plein fouet. De nombreux boulangers sont contraints de mettre la clé sous la porte, provisoirement ou définitivement. C’est le cas dans l’arrondissement de Verviers. Et quand ce n’est pas la crise énergétique qui en est la cause, c’est le manque de personnel. Reportage dans des boulangeries situées à Andrimont (Dison) et à Jalhay.

Mireille est la gérante de la seule et unique boulangerie du village d’Andrimont. Samedi, sur le coup de 14h, elle fermera boutique pour une durée encore indéterminée. Ses fidèles clients devront acheter leur pain ailleurs. "C’est bien dommage. Avec l’augmentation des prix, tout le monde en subit les conséquences", nous dit une cliente. "Aller chercher du pain ailleurs, c’est un moindre mal. Mais on va faire vivre qui? Les grandes surfaces à nouveau. Les petits commerçants sont à nouveau pénalisés", peste un autre client.

La raison de cette fermeture temporaire, c’est l’augmentation du coût de l’énergie. Cette boulangerie artisanale est loin d’être un cas isolé. Si le four à pain fonctionne fort heureusement au mazout, la facture mensuelle d’électricité a explosé.

"La première facture, c’était 650€. On est désormais à 1750€ pour 15 jours, soit 3500€ par mois. C’est impayable. A tout ça, il faut ajouter le mazout, les matières premières qui ont doublé, les salaires, ... on va droit dans le mur", confie, dépitée, Mireille Damoiseau, la gérante de la boulangerie Damoiseau à Andrimont.

La boulangerie Damoiseau est une institution à Andrimont. Fondée en 1875, elle existe depuis près de 150 ans. Mireille, son mari Guy et leurs filles Laura et Marion représentent la 6e génération.

Ils ont tout tenté pour réduire la facture : un jour de fermeture supplémentaire, extinction d’une chambre froide, de deux congélateurs et d’un frigo. Rien n’y fait. Il faut donc stopper l’hémorragie, quitte à faire l’impasse sur les fêtes de fin d’année. "Quand on allume un pétrin et qu’on regarde l’aiguille du compteur simplement tourner, je suis effarée! Je ne vois pas ce qu’on pourrait faire d’autre. On ne va quand même pas pétrir à la main comme à l’époque pour continuer à manger correctement. Il faut un minimum de matériel", ajoute Mireille Damoiseau.

13 kilomètres plus loin, à Jalhay, l’une des deux boulangeries cessera également ses activités....mais, elle, de manière définitive.

Dans ce cas-ci, ce n’est pas une conséquence directe de la crise énergétique mais bien un manque de personnel. Comme la restauration, les boulangeries peinent à recruter en ce moment. "Depuis le mois d’août, je fais une recherche de toutes les manières possibles : Forem, agences d’interim, réseaux sociaux, ... Je n’ai pas reçu une seule candidature. Ce qui veut dire qu’on en arrive à une situation catastrophique. On approche des fêtes et je me sens dans l’incapacité de gérer tout le travail dans la période la plus importante de l’année", explique Frédéric Schmitz, le gérant de la boulangerie Schmitz à Jalhay.

Frédéric mettra la clé sous le paillasson le 11 décembre prochain, après 26 ans d’existence. Pour expliquer la frilosité des potentiels repreneurs, le gérant pointe tout de même du doigt la crise énergétique : "Il est probable que la frilosité s’installe un peu. C’est un sujet qui fait craindre et repousse sans doute les jeunes à se lancer."

Ajoutez à cela la hausse du prix des matières premières, dur dur d’être boulanger en ce moment...L’hiver s’annonce compliqué.

Renaud Collette

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