Le 7 août 2022 vers 11h, des policiers en patrouille dans le village de Surister voient passer une Audi qui roulait à une vitesse folle. Ils la prennent en chasse mais ne parviennent pas la rattraper. Ils observent cependant que le fuyard fait de fréquents écarts sur sa gauche, et c’est précisément le cas au sommet d’une côte quand se produit un crash avec un motard venant en sens inverse, Fabien Billen, 36 ans.
Mais le chauffard, au lieu de se préoccuper de sa victime, prend la fuite à travers une prairie où sa voiture a échoué et se cache dans un bois où les policiers le débusqueront 45 minutes plus tard. Ils notent une forte odeur d’alcool et le refus du conducteur de se soumettre à un test sanguin.
Przemyslaw Schmitz (33 ans), d’origine polonaise, est toujours détenu cinq mois plus tard, au moment de répondre du drame qu’il a causé devant le tribunal correctionnel, où il est poursuivi pour une kyrielle de préventions : homicide involontaire, délit de fuite, non assistance à personne en danger, conduite en état d’ivresse, fausse immatriculation du véhicule, refus du contrôle sanguin, plus une volée de préventions liées au roulage, dont la vitesse excessive estimée au moins à 95 km/h.
Face au tribunal, il explique qu’il n’avait rien bu ce jour là, mais bien la veille où il avait consommé de la sangria et du vin « avec modération » et que l’odeur d’alcool détectée par les policiers était due au fait qu’il avait renversé du vin sur lui la veille. Il explique aussi sa vitesse excessive " parce qu’il était pressé. Je devais absolument chercher des cigarettes ". Concernant son délit de fuite, au lieu de porter secours au motard, il a cette explication pour le moins édifiante : « J’étais en état de panique, je ne voulais pas fuir, mais simplement rentrer chez moi » !
Partie civile, Me Wynants, évoque une famille effondrée, dont Fabien était le centre. « C’était quelqu’un de calme, de posé, passionné de moto, mais il roulait tranquille, pépère, comme l’indique sa vitesse estimée entre 30 et 50 km/h. Conduire comme le prévenu l’a fait à une vitesse folle, c’est tout simplement jouer à la roulette russe : soit il ne se passe rien, soit c’est l’accident. Et sa conduite de fou s’est doublée d’un délit de lâcheté, puisqu’il s’est taillé sans se préoccuper de sa victime ».
Mme Troisfontaines, ministère public, parle de randonnée macabre et de comportement asocial. Elle évoque évidemment le casier judiciaire du prévenu, lourd de pas moins de 9 condamnations pour des affaires de roulage, notamment pour conduite sous influence et vitesse excessive. Elle réclame un an de prison pour l’homicide, et un an pour ce qui est lié au roulage, plus une déchéance à vie.
La défense, assurée par Me Hoffait et Me Uerlings, n’a pas beaucoup de marge de manoeuvre devant ce qu’elle admet être un comportement lâche. « Il n’a pas voulu tuer quelqu’un, mais il va devoir vivre toute sa vie avec ça ». Elle sollicite une peine avec sursis probatoire. Jugement en janvier. (L.B.)