Comment éviter les inondations? C’est la question que de nombreux riverains et politiques de notre région se posent. Nous sommes allés chercher des réponses à Tubize, dans le Brabant wallon.
En 2010, 1600 habitations dévastées par les inondations; en 2021, seulement 400
En 2010, Tubize avait vu son centre-ville inondé par près de 2m d’eau. Plus de 1600 immeubles sont dévastés.
Cette année, en juillet, la crue de la Senne est encore plus importante. Pourtant, cette fois, seulement 400 maisons sont touchées, principalement au niveau des caves et du jardin. Dans une trentaine d’habitations, l’eau atteint 30 centimètres au rez-de-chaussée.
Un échevin "inondations"
Entre les deux catastrophes, voilà ce qui a changé : La commune de Tubize a décidé de faire des inondations une priorité. Elle a même créé un échevinat de la « lutte contre les inondations ». Une première en Wallonie. 3 millions d’euros ont été investis ces 10 dernières années.
Des zones de rétention d’eau temporaire, des bassins d’orage, des zones d’expansion de crue ont été créés. "On a des aménagements sur Tubize qui permettent de retenir des centaines de milliers de mètres cube. Egalement dans les communes avoisinantes puisqu’on travaille aussi avec nos communes voisines, explique Pierre Anthoine, échevin de la lutte contre les inondations. Et donc, rien que sur les aménagements de la Senne, lors des inondations du mois de juillet, on a pu retenir un peu plus 300.000 mètres cube".
"Un mètre cube retenu, c’est un mètre cube qui ne va pas dans les habitations"
Ici, un rejet dans le canal a été élargi. Là, le lit de la même rivière a été curé complètement et les berges ont été remaçonnées. Ailleurs, c’est un fossé qui est créé, des ponts réaménagés voire enlevés ou des impétrants qui réduisaient la hauteur d’un pertuis de 60 cm qui ont été supprimés.
« On a réalisé ce qu’on appelle un plan de prévention des risques d’inondations (le PPRI) qui nous a permis d’avoir vraiment cette situation globale, signale Michel Januth, bourgmestre de Tubize. On s’est rendu compte qu’on avait beaucoup de difficultés à agir en aval. Par contre, il fallait plutôt agir en amont. Il y a 13 rivières à Tubize. On a décidé de travailler sur l’ensemble de nos rivières et de fermer tous les robinets en amont. Même un mètre cube retenu, c’est un mètre cube qui ne va pas dans les habitations ».
Chaque projet urbanistique étudié en fonction du risque "inondations"
Chaque nouveau projet urbanistique est pensé dans ce sens. Comme ce nouveau quartier sur le site des anciennes forges de Clabecq où des zones végétalisées sont prévues pour absorber l’eau. Plus aucun parking n’est perméable. Et dès qu’un projet se situe dans une zone de risque d’inondation, même léger, il est passé à la loupe. "Si on construit dans une zone en moyen ou faible risque d’inondation, on va certainement conseiller fortement de construire sur pilotis ou de ne pas mettre au rez-de-chaussée style chaudière ou autre, précise Sabine Desmedt, échevine de l’Aménagement du territoire. Et s’il y a un endroit où il y a vraiment un gros risque d’eau, eh bien, de laisser passer l’eau à un certain moment donné. Il faut vraiment éviter que les gens doivent être évacués".
S’ils ont un coût, tous ces ouvrages doivent aussi être entretenus régulièrement pour bien fonctionner. Une brigade de citoyens éclaireurs alertent la commune lorsqu’un entretien est nécessaire. Les riverains sont aussi subsidiés pour protéger leurs habitations.
Leur conseil à nos élus: "prendre le problème à bras-le-corps"
En clair, si les Tubiziens ont un conseil à donner à nos élus locaux, ce serait celui-ci : «C’est de prendre cette problématique à bras-le-corps. Le risque zéro n’existe pas mais il y a des outils et il faut mettre les moyens pour réaliser les travaux".
L’idée de Tubize est de faire de ses rivières des atouts plutôt que des nuisances. Création de balades, mise en valeur du patrimoine des cours d’eau et développement de la biodiversité sont aussi envisagés.
(Aurélie Michel)