Un Andrimontois de 58 ans était poursuivi devant le tribunal correctionnel pour des abus sexuels sur sa propre fille qui auraient commencé dès l’âge de 11 ans. Des accusations qu’il niait et ne comprenait pas. En attendant, il risquait 5 ans de prison ferme. Mais il a été finalement acquitté au bénéfice du doute.
Marianne (prénom d’emprunt) a 24 ans lorsqu’elle se présente le 1er juillet 2020 à un poste de police pour porter plainte contre son père pour abus sexuels, et ce après avoir consulté un psy. Des faits qui se seraient passés en deux épisodes. Le premier, alors qu’elle avait à peine onze ans, mais dont elle n’a plus de souvenirs précis. Mais elle se souvient s’être confiée à une copine de classe, en 6ème primaire, laquelle des années plus tard, se rappelle bien avoir reçu des confidences de Marianne se plaignant d’être victime d’attouchements de son père. Le deuxième se déroule alors que la gamine a 14 ans et que sa mère est hospitalisée pendant 4 mois après une rupture d’anévrisme. La victime parle alors d’attouchements sur le sexe et même de fellations. Elle quittera d’ailleurs le domicile familial pour aller vivre d’abord chez sa grand-mère, puis chez son petit ami de l’époque.
Pas la tête à ça!
Comparaissant libre devant le tribunal correctionnel, Jean (58 ans) contestait catégoriquement les accusations de viols qu’on lui reproche. « Tout se passait bien entre elle et moi, jusqu’à ce qu’elle publie un jour un message sur les réseaux sociaux où elle parlait de son mal –être. Elle m’a quitté du jour au lendemain, je n’ai pas compris. Comment penser que j’aurais pu faire ça alors que ma femme se trouvait aux soins intensifs entre la vie et la mort ? Je n’avais pas du tout la tête à ce genre de choses. »
Se pose alors l’éternelle question sur ses raisons de proférer de telles accusations qui seraient mensongères ? Il s’était risqué à une hypothèse : « Peut-être pour être acceptée dans la famille de son nouvel ami ? Mon fils me dit qu’elle ment tout le temps, qu’elle est un peu mythomane »
Déjà condamné pour des motifs similaires
Me Marcy, partie civile, avait rappelé les confidences faites à une amie dès l’école primaire, confortées par celle-ci. « A cet âge là, on ne peut inventer des histoires pareilles » dit-il en soulignant que si elle avait quitté le domicile familial, c’est pour se mettre à l’abri. L’expertise établit que Marianne ne tire aucun bénéfice de ces accusations et confirme l’authenticité de ses propos.
Un raisonnement qu’avait tenu aussi Mme Lanza, ministère public, en citant en outre des témoins affirmant que Marianne est une fille sérieuse et pas du tout menteuse et que la relation père-fille était conflictuelle. Elle assènait en outre un coup de massue au prévenu en rappelant que Jean a déjà été condamné pour des faits de viol et de détention arbitraire. « Certes, il s’agit de faits anciens, datant de 1991, mais quand même ! » C’est pourquoi elle réclamait une peine sévère, 5 ans de prison ferme.
Mais la défense, assurée par Me Violette Collin, avait relevé un tas de contradictions et d’incohérences dans le dossier, plein de zones d’ombre monstres, en soulevant différents points troublants. Et notamment la tristesse du père qui va jusqu’à des pensées suicidaires. Elle réclamait donc son acquittement, au moins au nom d’un très très gros doute.
Un doute que l’avocate est parvenue à faire partager par le tribunal, qui a donc relaxé le prévenu.
(LUC BRUNCLAIR)