Un homme de 55 ans avait comparu devant le tribunal correctionnel où il était accusé de viols quasi quotidiens sur sa fille alors âgée de 10 à 13 ans. Ces accusations, qu’il niait, pouvaient lui valoir 4 ans de prison, mais le tribunal n’a retenu qu’une prévention déjà couverte par une condamnation précédente.
Catherine (prénom d’emprunt) a atteint l’âge de 24 ans avant de se décider et d’oser aller dénoncer les horreurs subies dans son enfance de la part de son père, soit des viols quasi quotidiens pendant trois ans, entre 2012 et 2014. Ce dont Sylvain (prénom d’emprunt pour protéger la victime) avait à répondre devant le tribunal correctionnel, où il a eu une version disons assez idyllique. « Ma fille a été placée dès sa naissance, et j’ai été sans nouvelles jusqu’à ses 16 ans. Un jour, je l’ai croisée et lui ai dit que j’étais son papa. Elle m’a répondu « vas te faire foutre », ce qui ne l’a pas empêchée de faire par après le forcing pour venir habiter chez moi, mais j’avais déjà trois autres enfants ». Et il l’a prise malgré ça ? « C’est quand même ma fille » dit-il. Mais il a eu l’occasion de le regretter, puisqu’elle a selon ses dires perturbé son ménage et causé sa séparation, ainsi que le placement des autres enfants qu’il était incapable de gérer. « Ca se passait bien avec Catherine, puis un jour elle a fait sa crise et est partie avec un copain majeur. Depuis, plus de nouvelles. Mais tout ce qu’elle dit est faux, je n’ai jamais rien fait à Catherine. Ce qu’elle veut, c’est de l’argent et me voir mort ! »
Des faits affreux
Mais plusieurs éléments permettent de douter de cette version. Il y a d’abord ce témoignage d’un couple à qui Catherine s’est confiée… en 2007, alors qu’elle avait 15 ans, en parlant de viols par son père biologique dès Noël 2002, soit quand elle avait 10 ans. Il y a d’autres témoignages qui établissent son goût pour les plans à trois, ce qu’il proposait à des copines de Catherine. Mais surtout, il y a cette condamnation à 5 ans de prison en 2012 pour viols de la meilleure amie de Catherine qui pèse sur ses épaules.
« En fait, tout démontre qu’il a le goût de la chair fraîche » s’était exclamé Me Cochart, partie civile qui décrivait une victime traumatisée, cassée, démolie, encore en traitement à son âge, passé 30 ans ! Il a été rejoint par Mme Lanza, ministère public, qui parle de faits affreux de la part de celui déjà décrit dans le dossier de 2012 comme un prédateur sexuel et d’une victime qui ne s’habille plus depuis lors que de manière masculine. Elle avait réclamé 4 ans de prison.
Mais son avocate Me Dewonck avait réclamé son acquittement, se basant sur des détails chronologiques qui rendent impossibles des contacts de Catherine avec son père avant 16 ans. Et notamment que celle-ci a parlé un jour de l’auteur des faits en disant « papa Eric » et non Sylvain. Une soi-disant victime qu’elle décrit d’ailleurs comme perturbée et ingérable depuis son plus jeune âge.
De tout cela, le tribunal n’a retenu qu’une seule prévention, celle d’atteinte à l’intégrité sexuelle d’une mineure, et estime que la condamnation antérieureà cinq ans de prison couvre suffisamment ces faits. Il acquitte donc Sylvain des autres préventions, dont celles de viols. (Luc Brunclair)