Le tribunal de police de Verviers a rendu son verdict dans le procès concernant le tragique accident de camion survenu à Spa le 5 mai 2013, causant la mort de trois personnes. Ce jour là, un semi-remorque amenant du terreau chez Hubo à Spa emprunte la descente de la Sauvenière qui mène au centre de Spa, négligeant les panneaux interdisant l’usage de la route aux plus de 7 tonnes ou indiquant une pente à 8%. Il est pratiquement midi, l’heure de sortie des écoles.
Et c’est le drame : le camion casse ses freins, et visiblement en perdition, dévale à grande vitesse la forte pente, percute quelques voitures avant de s’encastrer dans une boulangerie. Il fauche au passage un piéton promenant son chien, et une dame de 77 ans, qui sera grièvement blessée et décédera deux ans plus tard des suites de ses blessures. Le chauffeur, lui, mourra dans l’accident.
C’est devant le tribunal de police qu’étaient mis en cause les patrons de la firme de transport de Lommel gérée par deux frères, Arnold et Joseph Knevels. C’est que, si le chauffeur a commis la faute d’emprunter un itinéraire non prévu, c’est surtout l’état du camion qui est mis en exergue dans les responsabilités de l’accident: la remorque n’avait plus de freins ! C’est l’avis des experts qui se sont penchés sur l’épave, mais aussi de témoignages d’anciens chauffeurs de la firme.
C’est pourquoi le ministère public estimait que les patrons, poursuivis pour défaut de prévoyance et de précautions ayant provoqué la mort d’autrui, et pour d’autres préventions techniques, doivent assumer leur responsabilité. Il réclamait 6 mois de prison avec sursis pour chacun, et des amendes sévères.
C’est l’avis également du tribunal de police, pour qui les patrons ont commis la faute la plus lourde en mettant sur la route un engin en mauvais état. Il les condamne à 6 mois de prison avec sursis et 6.000 euros d’amende, et une déchéance du droit de conduire de 3 ans.
La défense avait plaidé que si faute il y a, elle incombait au chauffeur qui avec son camion de 35 tonnes a franchi les panneaux interdisant les plus de 7 tonnes, soit 5 fois la norme. « Même avec une remorque en bon état, l’accident aurait été inévitable » plaide l’avocat qui conteste aussi le mauvais état de la remorque, ainsi que le lien de causalité entre l’accident et le décès de la dame de 77 ans. (L.B.)