Rarement, nous avons vu un homme faire preuve d’autant de culot, de mauvaise foi, et d’arrogance devant le tribunal. Cet homme de 24 ans, de la région de Vielsalm, est poursuivi pour le viol de deux ados de moins de 16 ans, et pour cyberprovocation, c’est-à-dire en langage juridique une incitation à la débauche par des moyens informatiques, en tout huit victimes détectées. Il s’en défend, avec une verve assez provocatrice. Il risque néanmoins pas moins de 7 ans de prison ferme !
Rien que les mots prononcés à la fin d’un interrogatoire assez surréaliste suffit à poser le personnage : « Je suis prêt à écouter toutes les conneries qui vont être dites à mon égard ». Il a été servi : prédateur sexuel, pervers, narcissique, comportement immoral, etc.. sont des mots prononcés à la fois par le ministère public et par les avocats des parties civiles.
Il faut dire que ce qui est reproché à Michaël, 34 ans, qui comparaît détenu, n’est pas mince. Ainsi, il lui est reproché d’avoir recherché sur les réseaux sociaux des jeunes ados, des centaines de recherches avec les mots clefs : « teen, jeunes, vierges, ados ». Huit jeunes filles de 12 à 16 ans, ont mordu à l’hameçon, en commençant des conversations qui ont vite tourné au caractère sexuel évident et explicite, avec notamment des demandes de photos de nu et de rencontre. Avec plus ou moins de succès. Deux d’entre elles ont en tout cas accepté une rencontre, et l’ont regretté. Il y a Aline (prénom d’emprunt), 12 ans, à qui il a demandé une photo de nu. « C’était par humour, et par prévention des dangers encourus » dit-il. Il a fini par obtenir une rencontre qui s’est terminée par le viol de la gamine. « Je ne voulais pas, mais il n’en a pas tenu compte » dira la jeune fille. Ce qu’il nie. De même pour Aline (idem) 14 ans, qui elle parle de fellation forcée et d’une relation sexuelle non consentie. « C’est possible que je l’aie embrassée sur la bouche, mais sans plus. D’une autre gamine de 14 ans qui l’accuse de l’avoir embrassée sur la bouche, il dira : « Pas que je sache ! » Il lui a pourtant écrit par après que ses lèvres lui manquaient. Il ne voit pas non plus la mal qu’il y a de demander systématiquement à ses contacts si elles ont un copain.
Il balaie ainsi d’une phrase les diverses accusations qui pèsent sur lui. Ainsi, il ne s’est jamais rien passé avec l’une, si on lui prête des arrières pensées lorsqu’il converse avec une jeune fille, on peut le mettre à Lantin jusqu’à sa mort ! Ou c’est par pure sympathie qu’il sollicite une rencontre d’une autre fille de 14 ans.
On lui reproche aussi la détention de tout un tas de photos de jeunes filles pêchées sur les réseaux sociaux. Lorsqu’on lui demande pourquoi, il répond « Bonne question, je ne sais pas. Elles s’enregistrent toute seules ! ». A certains moments, il s’énerve, au point que les policiers doivent intervenir pour le calmer.
Pour Mme Lanza, ministère public, son modus operandi est toujours le même : il attaque via les réseaux sociaux de jeunes proies dont il abuse de la naïveté. Elle réclame une sanction sévère pour ce prédateur qui en plus n’a rien compris de la gravité de son comportement Elle réclame une sanction sévère, 7 ans de prison, qui s’ajouteraient ainsi aux trois ans de prison avec sursis auxquels il a été récemment condamné pour incendie volontaire et abus de faiblesse de vieilles personnes.
Mais pour son avocat Me Saive, à quoi bon le laisser moisir si longtemps en prison sans l’accompagner de mesures éducatives. « Il a grandi comme une herbe folle sans qu’on lui mette des limites. » Il demande l’acquittement pour les viols, et un sursis probatoire pour le reste. Jugement dans un mois. (Luc Brunclair)