Deux hommes étaient poursuivis pour avoir dépouillé deux vendeurs de drogue, et tenté la même chose sur un autre. Si l’un avouait tout, l’autre niait farouchement. Ce qui ne l’a pas empêché d’écoper de sa 36ème condamnation, dont 25 ans passés en prison.
C’est un dossier particulier qui a mis en scène au tribunal correctionnel de Verviers une de ses « stars », Pascal Braham, dont la longue carrière de délinquant commencée dès ses 18 ans (il en a maintenant 55) est émaillée de pas moins de 35 « oscars », c’est-à-dire de condamnations, dont 25 ans passés effectivement en prison selon son propre aveu. Un gaillard du genre balèze et impulsif, haut en couleurs mais néanmoins sympathique de certains côtés.
Le dossier qui l’a vu comparaître à nouveau détenu démarre sur un banal contrôle dans un autre dossier d’ordre familial chez un certain Logan Bengler (21 ans) de Theux. On y trouve presque par hasard une grande quantité de stupéfiants (341 grammes de cannabis, 6 gr de cocaïne), mais aussi et des armes, des couteaux, un pistolet d’alarme et un vrai revolver Smith et Wesson. Mais surtout, sur le GSM de Bengler, une vidéo le montrant pénétrer le 24 avril dernier chez un dealer de Liège, un certain Collin qu’ils ne trouveront pas, avec un complice qui n’est autre que Pascal Braham, un couteau dans un main et un revolver dans l’autre. Et une autre vidéo montrant deux hommes non reconnaissables agressant armes à la main deux autres dealers en leur dérobant stupéfiants et 2.200 euros, le 30 mai 2022.
Suite à cette découverte, Bengler est arrêté, et avoue avoir voulu voler Collin et aussi l’agression du 30 mai, mais refuse de donner son complice. Jusqu’à ce qu’on lui mette sous le nez que les chaussures et la stature de son complice sont identiques à celles de Braham sur la première vidéo, ce qu’il admet.
Les deux hommes ont donc comparu devant le tribunal correctionnel du fait de vol avec violence et avec armes, et d’une tentative du même type. Si Bengler avait maintenu ses aveux, Braham se défendait avec son énergie coutumière d’être son complice pour l’agression du 30 mai, et pour la tentative du 24, il a une toute autre explication que celle de Bengler. « Il ne m’a pas dit qu’on y allait pour taper un dealer, mais m’avait demandé d’aller récupérer sa mère qui était dans un squat avec un dealer. Or dans ce genre d’endroit, bourré de tox, on n’y va pas comme des touristes. » Il niait tout aussi fermement être le complice dans la 2ème agression.
A LA PROCHAINE ?
Une défense renforcée par la plaidoirie magistrale et convaincante de son avocat Me Wynants, que Braham approuvera d’un « nickel » admiratif. « Ce n’est pas parce que Braham a un casier judiciaire colossal et donc est capable de beaucoup de choses qu’il ne peut avoir raison » avait-il déclaré. Et de démonter, un à un, les mensonges et incohérences des déclarations de Bengler, qui décrédibilisent totalement sa version, et dont renforcent celle de Braham dont il demandait l’acquittement, et juste une peine de travail pour la possession d’armes.
Le ministère public avait réclamé pour sa part 3 ans de prison pour Braham, et 2 ans pour Bengler.
Si le tribunal condamne Bengler à 2 ans de prison avec sursis probatoire, il fait la part des choses pour Braham en ce qui concerne les deux agressions, considérant que pour celle sur les deux dealers, les images ne prouvent pas à suffisance que c’est bien Braham le complice. Par contre, pour la tentative de Liège, les images montrent bien qu’ils n’allaient pas pour chercher la mère de Bengler. Il a donc prononcé une condamnation à 15 mois de prison. Ce n’est jamais « que » sa 36ème !
« Je ne vous dis pas : à la prochaine » conclut le juge. (Luc Brunclair)