Ce matin s’est poursuivi devant la chambre criminelle du tribunal correctionnel de Verviers, le procès d’Adrien Rompen, ce pompier de Welkenraedt accusé d’avoir tué son épouse Charlène Grosdent. S’il admet avoir étranglé et poussé son épouse dans l’escalier, il parle pourtant d’un décès involontaire de sa part. L’accusation et la partie civile estiment au contraire qu’il s’agit bien d’un assassinat, c’est-à-dire d’un acte prémédité. L’avocat générale a réclamé 30 ans de prison, soit le maximum de la peine.
Le 8 avril 2015, Charlène était victime d’une chute dans l’escalier. Grièvement blessée, elle est transportée à la clinique d’Aix La Chapelle où elle décède deux jours plus tard. On a longtemps pensé que sa chute avait été provoquée par des vertiges, mal invoqué par son mari. Mais des examens approfondis menés à la clinique d’Aix ont permis d’établir que la chute avait été provoquée. En juin, le mari Adrien Rompen était incarcéré sur bases de ces rapports. Il a alors avoué avoir eu une dispute avec son épouse à cause de son infidélité, dispute au cours de la quelle il aurait poussé involontairement Charlène dans l’escalier.
Inculpé au départ de meurtre, l’accusation s’est muée en assassinat, des éléments de l’enquête permettant d’établir une préméditation. C’est en tout cas sur cette base qu’il est poursuivi devant la chambre criminelle. Parmi ces éléments, plusieurs choses qui ne collent pas dans le timing invoqué, le fait qu’il ait enfermé les enfants à l’extérieur, l’absence de cris qu’aurait dû entendre une voisine, sa préoccupation d’aller vivre avec sa maîtresse mais sa crainte d’être considéré comme un briseur de ménage. « On va trouver une solution de rêve, je vais mettre de l’ordre dans ma vie » écrit-il le jour même à sa maîtresse. » Les résultats de l’autopsie indiquent aussi un étranglement prolongé, d’au moins 3 minutes.
Il a cru réussir le crime parfait, puisque pendant plus de deux mois, il a joué les veufs éplorés. C’est l’idée défendue par la partie civile Me Uerlings ainsi que par l’accusation assurée par l’avocate générale Pascale Schils, originaire précisément de Welkenraedt. Celle-ci a réclamé le maximum de la peine, soit 30 ans de prison.
La défense évoque seulement une tentative de meurtre
La défense assurée par Me Mayence s’est attachée à contester la préméditation (et donc l’assassinat) reprochée à Adrien Rompen. Si l’avocat admet qu’il y avait sans doute bien une intention homicide lorsqu’il commet le geste fatal à son épouse Charlène Grosdent, rien ne prouve qu’il ait prémédité son acte. Ce ne sont que des suppositions qui ne sont confortées par aucun élément objectif, et qui ne sont apparues qu’en toute fin de procédure, sans que ce volet ne soit instruit plus profondément.
L’avocat carolo a aussi plaidé en droit la notion de meurtre. En substance, Charlène n’est pas morte directement de l’acte commis par Adrien Rompen, mais parce qu’on a débranché la machine qui la tenait en vie. Sinon, peut-être aurait-elle survécu, sans doute en état végétatif, mais à ce moment on ne peut plus parler de meurtre. Et donc il demande au tribunal de retenir seulement une tentative de meurtre.
Sous entendu : c’est le papa qui a pris la décision de débrancher sa fille, et non Adrien Rompen. En entendant cela, la maman de Charlène a fait un malaise et a dû être emmenée en ambulance.
Le verdict sera rendu le 21 décembre.
(L.B.)