Le procureur du Roi ff de Verviers, Gilles de Villers Grand Champs, a requis devant la chambre criminelle du tribunal correctionnel de Verviers une peine de 14 ans de prison à l’encontre d’Edgar B., un Waimerais de 65 ans, poursuivi pour l’incendie volontaire de son établissement, le Vieux Sultan, lors duquel sa mère, Olga Christian (88 ans) était décédée.
Le procureur a rappelé que cet incendie avait pris à différents endroits contrairement aux déclarations du prévenu survenues plus tôt dans la matinée. Ce dernier avait expliqué avoir posé un brûleur sur le bar permettant ainsi l’embrasement de l’établissement. Un rapport d’expertise circonstancié confirmait la présence de plusieurs foyers entretenus dans un premier temps par le prévenu puis par les substances, essentiellement l’alcool, se trouvant sur les lieux de l’incendie.
Il ressort des différents éléments du dossier, parmi lesquels les rapports psychologiques et psychiatriques, que le prévenu était dans une situation psychologique telle que la seule issue pour faire face à ses problèmes financiers rencontrés dans le cadre de la gestion de son hôtel-restaurant était d’y mettre le feu. "Il y a eu une décompensation psychologique au fil du temps. Et, avec cette personnalité rigide qui était sienne, il ne voyait d’autre issue que de tout faire partir dans un grand feu de joie", a expliqué à la barre l’expert psychologue.
Avec une question qui reste sans réponse de la part du prévenu, sa mère y compris. Une question soulevée par le parquet qui estime que le prévenu a aussi vu dans cette solution la possibilité d’écarter une autre charge devenue pesante au fil du temps.
Le prévenu avait d’ailleurs admis lors de son interrogatoire qu’il s’occupait d’elle avec bon cœur sans rien réclamer financièrement mais que cette situation était difficile et l’empêchait de profiter quelque peu de la vie. "J’ai du mal à entendre le prévenu expliquer qu’il invente une pseudo-agression pour faire porter le chapeau à un autre suspect et ne pas appeler les secours, ne pas se préoccuper de sa mère sur laquelle il veille quotidiennement. Entre le moment où le feu démarre et atteint le premier étage, trois-quarts d’heure se passent. Il avait le temps de la sauver", souligne M. de Villers Grand Champs.
Le rapport d’autopsie a par ailleurs fait apparaître que la victime était décédée des suites d’une inhalation de fumées et non de l’incendie en tant que tel. L’expert psychiatre s’est aussi penché sur la question et demeure avec les mêmes incompréhensions. "Soit il était réellement sonné, soit cela ne l’intéressait pas, soit il avait envie qu’elle meurt", a-t-il déclaré à l’audience. Au regard de cet élément central du dossier pour estimer "la juste peine", de la personnalité du prévenu et de l’absence de suivi depuis deux ans pour régler ses problèmes psychologiques et sa dépendance à l’alcool, le parquet a requis une peine de 14 ans de prison. (Belga)