Willy Jaminon, 63 ans, un postier de Gemmenich qui comparaissait détenu, devait répondre devant le tribunal correctionnel de viols sur une adolescente de 14 ans Marie (prénom d’emprunt) et d’atteinte à l’intégrité sexuelle sur un gamin du même âge, Claude (idem).
Devant le tribunal, il avait reconnu des « choses » avec Marie. « C’est elle qui m’a demandé de voir un film porno. Après, elle a levé sa jupe et est venue vers moi. Je n’ai pas voulu perdre la face, et j’ai éjaculé sur elle. Mais je ne l’ai pas pénétrée, et cela ne s’est produit qu’une fois. »
Ce n’est pas exactement ce que dit la gamine, qui a déclaré que pendant trois ans, il la pénétrait une fois par semaine, tous les mercredis. Pour ce qui est de Claude, ce dernier parle de tripotages et fellations réciproques dont il devait s’acquitter pour monter sur un cheval. « Ce n’est pas vrai » avait-il réfuté.
L’ennui pour lui, c’est que l’enquête révèle qu’au moins une quinzaine d’ados, filles et garçons, de 11 à 17 ans, l’accusent de mêmes faits, selon le même modus operandi, depuis 1983, des faits malheureusement prescrits. Un gamin de 12 ans parle même de sodomisation. « Je n’ai jamais pénétré personne » avait-il protesté.
Des propos insoutenables, réagit une partie civile, Me Orban, qui s’était indigné qu’il tente de faire passer les enfants pour étant les demandeurs des actes sexuels. Mais le plus poignant est venu d’une de ses premières victimes, qui a 47 ans aujourd’hui, et ne semble pas guéri des agressions subies. C’est d’ailleurs grâce à lui que l’affaire a été découverte, car il a enfin osé porter plainte en 2017, ce qui a tout déclenché. « Ce n’est qu’un gros pervers narcissique. A cause de lui, j’ai peur de tenir mes enfants dans mes bras par crainte de devenir pédophile. Ma sœur est elle aussi foutue. Comment un gros porc pareil peut-il se regarder dans une glace ? Ce n’est qu’un animal dégoûtant » avait-il déclaré, vraiment en colère, même tant de temps après les faits.
Mme Herman, ministère public, s’était déclarée sans voix devant les déclarations du prévenu, en rappelant qu’au total, on a trouvé 23 victimes connues de ce prédateur hors normes. Elle réclamait 9 ans de prison.
Son avocat, Me Fadeur, avait tenté de lui trouver des éléments favorables, dont l’ancienneté des faits. Il sollicitait la clémence du tribunal, soit un sursis probatoire pour une peine qui dès lors ne devrait pas dépasser 5 ans.
Chose rare, le tribunal est allé bien au-delà des réquisitions du ministère public en le condamnant à 12 ans de prison. Et à l’issue de cette peine, il n’en aura pas fini avec la justice, puisqu’il est également condamné à une mise à disposition pendant 10 ans du tribunal d’application des peines, qui décidera de sa libération ou d’une prolongation de sa peine de prison. (L.B.)