Le club de basket de Spa en zone de turbulence. Cette semaine, plusieurs décisions ont été prises à contre-coeur par les dirigeants du Matricule 91. Décisions qui touchent l’équipe première de TDM2 et qu’il a fallu tenter de digérer avant le duel régional de ce samedi soir face à Sainte-Walburge, deuxième club en hiérarchie de la galaxie Liège Basket. Les deux formations occupent les deux dernières places de la division.
Rarement le contexte d’une rencontre fut donc à ce point particulier. D’abord, parce que les gradins spadois, comme ailleurs, retrouvaient enfin la ferveur et les applaudissements d’un public, avec l’instauration du baromètre corona, mais aussi parce que, de part et d’autre, les perspectives se précisent, voire se bouleversent. C’est d’autant plus le cas pour les “Bobelins”, dont on a appris que la demande de licence pour l’équipe de TDM2 n’a pas été reconduite pour la saison prochaine, alors que le coach Bruno Dagnely était contraint de se retirer immédiatement pour raisons de santé. "Ce sont des raisons financières, directement liées à la crise sanitaire qui nous poussent à prendre cette décision raisonnable pour l’avenir du club", explique son président Michel Collard. "Nos partenaires commerciaux éprouvent de sérieuses difficultés à cause de cette crise, et en cascade, nous en pâtissons, tout en les remerciant pour la fidélité dont ils ont fait preuve durant toute ces années. Le RBC Spa, ce n’est pas que la TDM2, ce sont des équipes de provinciales, et surtout toute une série d’équipes de jeunes, que ce soit chez les garçons, comme les filles, et nous n’avons pas le droit de prendre des risques financiers à leur égard".
Côté liégeois, l’objectif est de conserver l’équipe à cet étage la saison prochaine et c’est chose faite, puisque les clubs ont été informés par l’AWBB qu’il n’y aurait aucun descendant de TDM2 à l’issue de la saison. Car le souhait est clair à Liège: faire évoluer ces jeunes joueurs pour les amener progressivement dans l’équipe de BeneLeague. Ils seront précieux si d’aventure le projet sportif de Liège devait encore recevoir les coups bas du corona. "Cette division, c’est l’idéal pour les préparer", affirme le coach de Sainte-Walburge, Mike Bodson. "C’est du très bon basket amateur".
Départ forcé pour Bruno Dagnely
L’autre décision spadoise concernait donc le coach Dagnely, qui a été contraint de prendre du recul, pour des raions de santé, loin d’être anodines. Et c’est un ancien du club, aujourd’hui au BC Cointe, qui a été "rappelé" pour jouer les pompiers: Valery Borgers, pour qui la rencontre de ce samedi était donc un baptême du feu. "Je sais que le challenge n’est pas simple en raison de tout ce contexte, et ce n’est d’abord pas simple pour les joueurs", réagit Valery Borgers. "Je ne sais pas du tout comment cela va se passer, mais j’ai une totale confiance dans leur mentalité, c’est un bon test pour moi dans le coaching, sans tirer de plan sur la comète pour l’avenir".
"Beaucoup d’entre nous n’ont pas digéré ces décisions, mais eu égard à l’état de santé de Bruno Dagnely, nous n’avons franchement pas à nous plaindre", estime Pierrick Van den Brule, un des pivots spadois. "Nous espérons de tout coeur qu’il se rétablisse le plus rapidement possible".
II y avait donc un match à jouer malgré tout... Un match dans lequel les Spadois se sont donnés à fond, sans arrière-pensée. En fin de 1e quart et surtout dans le deuxième, ils vont prendre l’ascendant sur leurs jeunes adversaires, grâce à quelques belles séquences. C’est 17-16 à la fin du 1e quart, et grâce à bon rush à la fin du 2e, les locaux vont rentrer aux vestiaires avec 9 points d’avance. 37-28. Au tout début de la 2e mi-temps, ils vont même faire 39-28, par l’entremise d’un Wintgens plutôt convaincant ce samedi soir. C’est aussi le moment choisi par les Liégeois pour revenir dans la rencontre avec plus de fermeté, car l’envie en 1e mi-temps, était un peu absente. Les sociétaires de Sainte-Walburge vont reprendre le match à leur compte, pour parvenir à mener 52-55 à la fin du 3e quart-temps.
Le dernier quart sera clairement plus nerveux, avec pas mal d’erreurs de part et d’autre, mais le mano a mano est plus que passionnant. Grâce à un double "3 points", qui semblaient libérateurs, de Nicaise et Wilkin, Spa mène 65-61, joie de courte durée, car Liège revient encore dans le match pour passer aux commandes, en profitant des cinq fautes de leurs adversaires pour aller plus au contact. A une minute de la fin, c’est encore 67 partout... et à quatre secondes du terme, les visiteurs mènent 67-71. Le coach Borgers tente son va-tout avec un temps-mort... Le "trois points" de Wintgens est miraculeux, mais il est suivi d’une faute spadoise... c’est terminé, les Liégeois gagnent 70-72.
Quid de l’avenir ?
A présent, les rencontres qui vont venir seront autant de matches quasi amicaux pour les joueurs de Valery Borgers. Et qui s’apparaitront comme autant d’opportunités de se vendre sur la marché des transferts. "C’est clair qu’il ne restera rien de cette équipe la saison prochaine", assure Pierrick Van den Brule. "Nous avons tous déjà pris des contacts pour rebondir dans un autre club, car la plupart d’entre nous ne veulent pas jouer en 1e provinciale".
La P1 deviendra donc l’équipe fanion, à Spa, à côté des autres équipes de provinciales et de jeunes. L’année prochaine sonne comme une nouvelle page que le club et ses joueurs vont devoir écrire, comme d’autres viennent de le faire en gravissant les échelons de la P3 à la D3 nationale. "Nous ne manquons pas d’ambition pour autant, car notamment avec le talent qui existe dans les rangs des U16 par exemple, il y a de quoi faire grandir cette P1, pour retrouver une place en régionale", affirme Michel Collard. "Nous l’avons fait dans le passé, nous pouvons encore le faire...". Avec ou sans Valery Borgers comme coach, l’avenir nous l’apprendra.