René Schyns est décédé: sept vies au service de notre région

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Un souvenir, d’abord. Lisbonne, 1998, Exposition Universelle. Une mission de la Chambre de Commerce emmène des chefs d’entreprises de la région verviétoise en bord de Tage. René Schyns est de la délégation . En marge de l’expo, c’est un samedi, se tient un repas organisé pour les entrepreneurs. On parle d’exportations, de savoir-faire, de l’expo en elle-même, des contacts établis durant ces journées de visites. René , lui, n’a qu’une obsession. Arracher une déclaration officielle de Guy Lutgen, Ministre de la Région Wallonne, sur l’installation de la Société Publique de Gestion de l’Eau à Verviers. Il en parle durant tout le repas. C’est presqu’un mantra.  Peine perdue ce jour- là, ce sera pour une autre fois.

Où qu’il était,  René Schyns se sentait en mission pour notre arrondissement, essayant à chaque occasion de le valoriser, le faire connaître, le promouvoir et lui faire gagner des points.

Ceux qui l’ont connu le savent : bien qu’au cœur du système, il en était toujours aussi à la marge. Cette zone instable et attractive où s’exprimaient sa créativité débordante, sa soif d’action, sa vision décalée des choses. Une grande intelligence, particulière et étonnante, qu’il mettait au service de nombreux projets.

En 1991, il prend de court tout l’arrondissement avec un incroyable défi, sur le site des Pyramides de Welkenraedt : une exposition sur Tintin, avec de superbes décors en 3-D et de nombreux documents issus notamment de la collection de Stéphane Steeman. Il ira jusqu’à faire venir à Welkenraedt Tchang Tchong-jen, l’ami chinois de Hergé qui inspira à ce dernier le personnage de Tchang. C’est « Tout Hergé », le début d’une longue série d’expos, allant de « Tout Simenon » et « S.O.S. Planète » à Liège à « J’avais 20 ans en 45 » à Bruxelles. Imaginez : à l’aube des années 90, le concept est totalement novateur. Et le succès de ce projet, c’est dû à un des autres talents de René : fédérer et rassembler sur la durée.

La culture fût sa grande aventure : populaire au sens noble du terme, diversifiée, telle qu’il la promouvait dans « son » Festival de Welkenraedt, rendez-vous du mois de septembre pendant des années où se sont succédés, sur la scène, dans une programmation éclectique, tant d’artistes. Il n’y avait que là que pouvaient se croiser, sur  des tempos si différents, la Compagnie des Galeries, Jean-Louis Murat, Jean-Claude Brialy, François Pirette ou encore Dany Brillant.

D’autres vous parleront bien mieux que moi de son parcours politique, de sa présidence d’arrondissement du P.S.C., de ses luttes communales, parfois homériques, à Welkenraedt, de son attachement aux liens avec la Communauté Germanophone ou encore de son soutien sans faille à la carrière de Melchior Wathelet. D’autres encore insisteront sur son attachement à son club de tennis : cela aussi était sacré pour lui. Dès qu’il en parlait, ses yeux s’illuminaient.

Au tournant du siècle, René Schyns, toujours dans la volonté de mettre notre région sous les projecteurs, crée "Les Rencontres du TroisIème Millénaire" qui rassemblent des personnalités de l’arrondissement, apolitiques ou politiques de tous secteurs, pour lancer de grandes conférences. Verviers accueillera Jacques Delors et les enfants des signataires du Traité de Rome ou encore, à une autre occasion, Jacques Rogge, Président du Comité International Olympique.

René Schyns était passionné, un rien hâbleur, fin stratège, entrepreneur innovant, déterminé jusqu’à aller au culot, cachant, derrière ce côté fonceur, une réelle sensibilité et une forte capacité à jauger les qualités de chacun. La personnalité publique laissait parfois place à la personne intime. Beaucoup de pudeur, de la bienveillance, un sens profond de la famille, un intérêt, jamais feint, pour son interlocuteur et une perception innée de l’impermanence des choses. 

Tel était René , avec ses sept vies. Comme un chat, il était capable de faire preuve de patience, de donner, si besoin, un coup de patte griffu ou de bondir subitement pour une autre aventure. C’est comme un chat, aussi, qu’il s’en est allé hier, doucement, à l’âge de 84 ans, au terme de tant de vies si bellement accomplies. (Urbain Ortmans).


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