Le 10e tome d’ Airborne 44 est sorti ce mercredi 26 octobre. Pour nous en parler Philippe Jarbinet, l’auteur de cette saga née en 2009, a tenu à nous emmener sur quelques uns des sites historiques de la Bataille des Ardennes. Nous y sommes donc retournés ensemble accompagnés, entre autre, des membres du 30th Old Hickory Belgium group; des complices ô combien précieux dans le travail de recherche historique qu’accompli pour chaque album de la série le dessinateur et scénariste verviétois.
Dans ce nouvel opus "Wild Men", nous retrouvons Jay et Virgil, les héros bien malgré eux du tome précédent « Black Boy ». Deux américains: un blanc et un noir qui vont avoir bien du mal à s’entendre mais qui par la force des choses vont finir par nouer une vraie amitié au-delà de leurs différences. Pour évoquer cette histoire inventée de toutes pièces ou presque, Philippe Jarbinet nous propose de revenir sur les pas de ces deux GI. Il nous emmène par la même occasion sur les lieux qui portent aujourd’hui encore les traces de la grande histoire, des lieux qui lui tiennent particulièrement à coeur.
"Oui, j’y tiens beaucoup depuis le début de la série, nous explique le dessinateur et scénariste verviétois. Je voulais que cet album soit vraiment créé sur le local quand je pouvais le faire. Je suis ardennais donc c’est important pour moi. Je voulais que ce soit ici vraiment précis voire anecdotique. Il y a donc un premier niveau de lecture pour le lecteur lambda. Il y a un deuxième pour l’amateur de la Seconde Guerre mondiale et puis, il y a le troisième niveau qui s’adresse davantage aux reconstituteurs qui nous aident aujourd’hui, et qui implique de faire des choses extrêment précices que, presqu’ eux seuls vont voir. Moi, c’est ce qui m’amuse quand je suis en train de le faire. J’ai besoin d’avoir cette tension de restitution".
"On est à Rochelinval ici, qui en fait le point de départ,l’endroit exacte de l’attaque du 7 janvier 45. C’est vraiment un lieu très important dans l’album. Je tenais à ce que ce soit vraiment ici que l’action se déroule et d’avoir les vrais décors. Quand je dessine le pré, je dessine le bon pré. Il y a même un clin d’oeil parce que le monument qui est dernière nous revient dans l’album alors qu’à l’époque il n’y était pas. C’est juste un clin d’oeil, une mise en abîme. Voilà, c’était un peu le jeu sur cet album-ci"
Ce monument, c’est celui-ci dédié à Dick Field, un américain qui est venu au secours de son camarade Marshall issu du peuple Navarro. Dans la BD, c’est Virgil qui sauvera la vie Jay. Dans la réalité, Dick Fields les pieds gelés ne pourra pas retourner se battre auprès de ses camarades. Il aura jusqu’à sa mort en 2016 le sentiment de les avoir abandonnés. Epingler dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale des thématiques qui ont une résonance encore aujourd’hui comme ici le racisme et conter des destins d’hommes et de femmes imaginaires tout en restant vigilant aux lieux et faits historiques c’est depuis le début la ligne de conduite de Philippe Jarbinet.
"Je voulais en fait que le côté documentaire apparaisse dans certaines cases mais qu’on ne confonde pas le documentaire avec la fiction. La difficulté, c’est que j’arrivais vraiment à la limite à savoir prendre deux personnages qui font les actions que deux personnes ont réellement faites. C’est pour ça qu’à la fin de l’album je rends hommage à Dick Field et à Marshall Clay parce que je ne veux vraiment pas que l’on confonde les choses et je ne peux pas non plus faire un album qui raconte des histoires vraies, que des histoires vraies. Je ne peux pas rentrer dans la vie des gens comme ça!".
"Le thème que je développe, je lui donne aussi une réponse qui est la mienne, ça ne veut pas dire nécessairement que c’est historique! Donc avoir effectivement une sorte de réalité, de réalisme oui mais sachant que de toute façon ce n’est quand même qu’un auteur de BD qui raconte quelque chose et donc faut pas non plus se prendre trop au sérieux."
Avec Jay et Virgil, nous replongeons au coeur des moments les plus sombres de la Bataille des Ardennes. Avec eux, nous partons aussi à la découverte ou redécouverte de sites emblématiques toujours visibles aujourd’hui, des lieux de mémoire comme ces fermes, ces villages, ces forêts et ces prairies; des terres qui se souviendront encore longtemps des affrontements tragiques de ce mois de janvier 1945. (Abi)
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