Inondations : des dégâts matériels mais surtout psychologiques

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Une cinquantaine de bénévoles parcourent les rues de Theux, Dolhain, Pepinster et Verviers depuis le 18 juillet. Psy-Infi Vesdre a été créé dans le but de venir en aide aux personnes sinistrées, surtout d’un point de vue psychologique. Une ligne d’écoute a été aussi mise en place. Nous avons suivi une équipe cette après-midi dans le quartier Pré-Javais.

Presque trois semaines après, les dégâts ne sont pas que matériel. Les traumatismes se révèlent, certains moins importants que d’autres. Derrière toutes ces personnes touchées par les inondations, il y a des humains qui ont senti, vu, entendu. L’équipe de Psy-Infi Vesdre, constituée de psychologues, assistants sociaux, infirmiers, éducateurs et profs, rencontrent les personnes qui souhaitent une écoute ou un soutien psychologique.

"Dans un premier temps, c’était vraiment du porte à porte dans les rues pour marquer qu’on était présent donc c’est pour ça qu’on avait identifié "Psy-Infi Vesdre" avec des gilets jaunes, on avait écrit à la main, on a fait un peu comme on pouvait, "Psy-Infi Vesdre". Maintenant, on a créé une ligne d’écoute qui est le 0474/39.44.54. Par cette ligne d’écoute, on reçoit pas mal d’appels de personne qui ne sont, pour le moment, pas bien ou qui se disent "Tiens, je ne me reconnais pas, j’ai des réactions qui ne sont pas celles que j’avais avant." Ils nous appellent pour pouvoir parler et pour pouvoir faire le point sur ce qu’il leur arrive", nous explique Sandrine Conradt, psychologue et coordinatrice de "Psy-Infi Vesdre".

La météo pluvieuse que nous connaissons en ce moment n’aide pas non plus, car ça rappelle l’évènement traumatique que les sinistrés ont vécu. Ils ressentent des choses inhabituelles et ne les comprennent parfois pas. A situation exceptionnelle, réaction exceptionnelle, comme nous l’explique Sandrine Conradt.

"Les maux qui reviennent le plus souvent, c’est cette sensation de ne plus se reconnaître, d’être un peu perdu, d’avoir des émotions qui passent du rire aux larmes, ou même des fois, plutôt des larmes, d’avoir une espèce d’hyper vigilance constante, la colère, l’irritabilité. On peut avoir aussi des cauchemars, ce qu’on appelle des flashbacks, des évènements qui reviennent au fur et à mesure. Ce sont des réactions tout à fait normales parce que, même si elles sont anormales pour les personnes qui les vivent, à évènement anormal inattendu, réaction anormale inattendue aussi. Ce sont des réactions d’adaptation par rapport à ce qu’il se passe."

Des riverains très impactés psychologiquement

Ces réactions, Salima les a aussi. Touchée par les inondations, elle a pu profiter 3-4 fois du passage des psychologues. Son témoignage montre que la détresse psychologique est bel et bien présente.

"Le moral est sous le zéro, il est très très bas. Je ne le vois même pas par terre, il est couvert par les crasses. Le moral est à zéro, même moins qu’à zéro. Dormir avec l’odeur de mazout, dès qu’on entend un bruit, on ne sait pas ce qu’il se passe. On vit difficilement, il faut changer tout le mode de vie et on ne vit pas normalement. On a peur et la maison n’est pas agréable à vivre", nous explique Salima.

Pendant la nuit où l’eau a envahi les rues, le mari de Salima s’est retrouvé coincé dans la cave totalement noyée, il était bloqué par une citerne. Leur voisin est venu cassé la vitre du soupirail qui donnait sur la rue, ce qui lui a permis de respirer. Physiquement, il s’en sort indemne, moralement, c’est très dur.

"Il était déjà malade, quand il a été coincé, on a vu la mort, j’ai pensé à tout. Le docteur m’a dit que ce n’était pas son heure, sinon je voyais son corps flotter sur l’eau. C’est incroyable, les enfants qui crient et qui pleurent "Papa, papa" ... je ne peux pas repenser à ce moment-là, c’est affreux", s’émeut Salima.

Si vous avez besoin d’une aide, l’équipe de Psy-Infi Vesdre se rend sur le terrain jusqu’à fin de cette semaine mais elle n’en restera pas là, la ligne d’écoute restera disponible pendant au moins un an, tous les jours de la semaine car les traumatismes sont déjà là mais peuvent se manifester encore plusieurs mois après. Ces inondations auront marqué toute la région, tant physiquement que psychologiquement. (Marie Halkin)


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