Depuis 3 ans, les élèves en transformation et rénovation du bâtiment de l’Institut Don Bosco de Verviers s’attellent à restaurer une casemate du 16ème siècle du château de Franchimont à Theux. Cette semaine, ils étaient à nouveau sur place. La dernière fois sans doute cette année. Il est, en effet, impossible de maçonner à la chaux quand les températures sont basses. Or, pour reconstruire ces murs, c’est la chaux qui est privilégiée, comme autrefois.
Moins de dégâts dûs au gel avec la chaux comme mortier
« En Belgique, au début du siècle dernier, on a complètement arrêté la chaux et on a travaillé avec le ciment qui est un matériau qui durcit beaucoup plus vite et qui a une résistance à la compression exceptionnelle, explique Philippe Detrembleur, Compagnon de Franchimont formateur et ancien prof à l’Institut Don Bosco. Mais la chaux a l’avantage que toute l’humidité qui rentre dedans, elle part facilement. C’est un matériau qui vit, qui est poreux. Donc c’est pour ça que de vieilles maçonneries sont toujours intactes parce que l’eau s’évacue tout de suite et donc ne reste pas dans la maçonnerie et le gel n’explose ainsi pas la maçonnerie ».
Et ces murs ont bien résisté. Certaines ruines datent du 11ème siècle. Les plus récentes, la troisième enceinte, ont plus de 500 ans.
C’est la première fois qu’Ozan Unver, élève à l’Institut Don Bosco de Verviers, travaille sur de si vieilles pierres. Il en est fier: "ça fait plaisir de rénover le château".
"C’est un peu spécial, car le moellon, ce n’est pas la même technique que les briques ou les blocs... Le moellon est un peu difforme. Il a des côtés triangulaires, carré, ça part un peu dans tous les sens. Du coup, il faut trouver les bonnes places pour les maçonner. C’est plus spécial. J’aime bien. C’est cool », poursuit un autre élève, Jordan Braham.
Les casemates, très rares en Europe
Mais le plus impressionnant travail réalisé par les élèves se trouve plus bas, au pied de ce mur, dans ce qu’on appelle une casemate, un système fortifié d’où on pouvait canarder les ennemis. Celle-ci était recouverte de végétation et fortement dégradée avant que les apprentis maçons ne s’y attaquent voilà 3 ans.
« Les seuls bâtiments qui ont conservé des casemates, je crois qu’il y en a un en Belgique, un en Italie et un en France, pour toute l’Europe, donc c’est extrêmement rare. On a vraiment envie de les sauver », soutient Philippe Detrembleur.
Pour les compagnons de Franchimont, tous des bénévoles, cette jeune main d’oeuvre est plus que la bienvenue. Et pour les élèves de l’Institut Don Bosco, cette restauration est une expérience à nulle autre pareille.
Deux autres campagnes de restauration seront nécessaires avant de terminer le pourtour de cette casemate. Il restera alors à s’attaquer à sa partie supérieure. Bref, de nombreux élèves devraient encore manier leurs truelles sur les pierres séculaires du château de Franchimont.
(Aurélie Michel)