Vingt-quatre heures après le licenciement de la secrétaire permanente intersectorielle de la CSC Services Publics à Verviers, Gabrielle Sonnet, l’émotion et la tension sont toujours palpables dans le chef des délégués syndicaux verviétois. Non seulement le verdict du bureau journalier de la CSC, à Bruxelles, passe mal, mais la manière dont les événements se sont enchaînés provoque un malaise.
« Gabrielle Sonnet a été reçue par les 8 membres du bureau journalier, un juriste et un rapporteur à 9h00, explique Joseph Blanjean, l’un des six délégués s’étant rendus dans la capitale ce jeudi, afin d’être entendus suite à leur mouvement d’humeur et leur piquet de grève du début de semaine. Nous devions de notre côté être reçus à 11h30, mais nous ne l’avons été qu’à 12h20. Dès 10h25, Gabrielle Sonnet, accompagnée d’un délégué syndical, est sortie, et elle a craqué. Quand ça a été notre tour, nous nous sommes entendus dire pendant deux heures trente que nous étions des rigolos, des branquignoles, ne représentant que quelques centaines de personnes sur des dizaines de milliers d’affiliés. On nous a demandé si nous comptions enfin respecter les valeurs de la CSC, et comme il a fallu trois mois pour être reçus et entendus, nous nous sommes permis de demander un délai de réflexion… »
Sur le coup de 16 heures, le bureau journalier signifiait à Gabrielle Sonnet son éviction pour rupture de confiance. « Ce fut une journée très âpre, poursuit Joseph Blanjean. On savait que le risque du C4 existait. Il lui a notamment été reproché d’avoir instrumentalisé le groupe de délégués qui a mené la fronde ces derniers jours, alors que ce n’est nullement le cas. On la tenait bien sûr au courant de nos actions et projets, mais elle n’a jamais forcé la main à personne. Ce qui comptait pour nous, c’était défendre quelqu’un qui avait l’habitude de nous défendre. Avec l’enthousiasme qu’on lui connaît. Ce qui nous attriste dans cette histoire, c’est que les 8 membres du bureau journalier ont eux aussi été des délégués, et malgré cela, ils n’ont pas voulu comprendre notre détermination… »
Et maintenant ? « Nous allons d’abord revoir l’ensemble des délégués lors d’une réunion qui aura lieu mardi en début de soirée dans un endroit neutre, reprend Joseph Blanjean. De son côté, Gabrielle Sonnet va avoir une entrevue avec Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC. Que peut-elle encore espérer ? Un reclassement plutôt qu’un licenciement ? Il est bien sûr désormais vain de penser qu’elle puisse revenir à Verviers. Nous n’en sommes plus là. L’important est qu’elle puisse continuer à travailler. Il semble évident que malgré ce verdict, nous n’avons pas l’intention de rester les bras croisés. Depuis le début de notre action, nous avons reçu un nombre incroyable de marques de soutien, émanant d’affiliés, mais aussi de pensionnés qui nous disent de poursuivre, de ne surtout rien lâcher. Je pense que le bureau journalier n’a pas conscience de la lame de fond que nous avons soulevée. Entamer une quelconque action à Verviers ne sert bien sûr plus à rien. Par contre, on a l’intention de frapper un coup à Bruxelles, la première ou la deuxième semaine de janvier. Et je pense que nous serons nombreux… »
Affaire à suivre donc dans ce qui aura été l’un des feuilletons de cette fin d’année dans l’arrondissement de Verviers… (V. Franssen)