Vous l’avez peut-être remarqué, votre boîte aux lettres est vide en ce moment. C’est le résultat d’un mouvement de grève lancé la semaine dernière en Basse-Meuse et qui s’étend en Province de Liège. A l’initiative de la CGSP, un piquet de grève est installé depuis ce mardi au centre de tri et de distribution des Plénesses. La crainte d’une privatisation de Bpost et un projet de réorganisation des services sont au centre des préoccupations.
Audrey Degrange
De Lontzen à Plombières en passant par Limbourg, Welkenraedt et Verviers, ces agents de Bpost ont décidé de se croiser les bras. Par solidarité tout d’abord envers leurs collègues de la Basse-Meuse. Par crainte surtout des décisions stratégiques prises par la direction. Elles tendraient vers une privatisation du service public. Et c’est la perte éventuelle de la concession des journaux en 2024 qui inquiète. « La source du mécontentement, ce sont toutes les réorganisations que Bpost veut implanter dans différents bureaux et on demande à ce qu’il y ait un rééquilibrage qui soit fait. On aimerait savoir si on va garder les journaux. Si on les perd, c’est 3000 emplois en moins chez Bpost et ça je pense que ce sera un impact important et on ne veut pas d’un plan social chez Bpost », prévient Michel Reiter, Secrétaire régional CGSP – Secteur poste Verviers.
Un piquet filtrant est donc installé depuis ce mardi au centre de tri et de distribution des Plénesses. Aucun courrier ou presque ne sort. « Il y a une partie des colis et des recommandés qui ont été distribués ce mardi ainsi que les abonnements pour les journaux et ce mercredi la même chose. Ce qui explique que les camionnettes sortent. Les pensions doivent aussi être payées ce mercredi et on ne veut pas impacter les pensionnés par la grève que nous sommes en train de faire. »
Une grève pour mettre en lumière un manque de transparence mais aussi certains dysfonctionnements comme la vétusté du système « géoroute ». « Il existe depuis de nombreuses années et on aimerait que les tournées soient bien rééquilibrées et qu’on ne dispatche pas les tournées, les rues, les facteurs à gauche, à droite mais que tout le monde soit sur le même pied d’égalité, ce qui n’est pas le cas », poursuit le syndicaliste.
Mais ce qui perturbent le plus les syndicats, c’est l’absence totale de concertation. « Ça fait plus de 5 jours, dans différents endroits en Province de Liège, où il y a des piquets et on n’a pas un retour de chez Bpost c’est quand même interpellant, on se demande où on va. Sont-ils toujours bien à Bruxelles ? Est-ce qu’ils nous écoutent ? Il ya un préavis qui a été déposé la semaine dernière et malgré ça pas de retour, rien du tout. »
Face à ce silence, la CGSP a voté, en assemblé, la poursuite du mouvement et ce, au moins jusqu’à vendredi.
Contactée par téléphone, la porte-parole de Bpost, Laura Cerrado Crespo dément tout silence de la part de la direction suite au mouvement de grève en cours depuis plusieurs jours en Wallonie et à Bruxelles. « Le dialogue social est maintenu pour trouver des solutions qui garantissent la viabilité de l’entreprise, la pérennité de l’emploi et le bien-être des travailleurs. » Quant aux réorganisations de services jugées peu équilibrées et pointées par la CGSP, elles sont justifiées, selon la porte-parole « Bpost évolue pour devenir un acteur global dans la logistique de l’e-commerce. Notre défi est de défendre nos activités en Belgique. Dans ce contexte, nous procédons de manière régulière à des réorganisations. Elles sont annoncées et préparées en concertation avec les équipes et les représentants des travailleurs. » Pas de surprise donc, cette grève ne serait d’ailleurs le fait que d’une poignée de grévistes affiliés à la CGSP «Si nous respectons le droit de grève, ces piquets bloquants constituent une entrave illégale au travail, que la direction ne peut accepter», prévient la porte-parole.
