Ibrahim Tabaev, retenez bien ce nom. Ce jeune verviétois de 18 ans est un spécialiste de la lutte gréco-romaine. Une discipline qu’il pratique depuis sa petite enfance dans le quartier de Hodimont. Double médaillé de bronze aux championnats d’Europe, dans les catégories d’âge, il a reçu en ce début d’année 2023, son tout premier contrat ADEPS de sportif de haut niveau. Au terme d’un vrai parcours du combattant.
Même si c’est son frère qui lui a donné le goût de ce sport peu médiatisé, c’est son coach de père, Imran, qui a véritablement implanté la lutte en région verviétoise. Arrivé de sa Tchétchénie en guerre, fuyant l’oppression russe, il s’est exilé, d’abord à Bernissart, puis à Verviers, où il a créé le club de lutte vers 2002, à la piscine de Verviers, avant de le développer, en lien avec le club de boxe d’Essalem, à Hodimont, à partir de 2009. Un club qui n’est aidé par la fédération que depuis trois ans.
Ibrahim est né en Belgique en 2004, sa carte d’identité l’atteste officiellement insiste son père, habitué des tricheries sur l’âge, monnaies courantes dans certains pays. Disposant de la double nationalité belgo-russe, il a choisi de défendre les couleurs de la Belgique, malgré le fossé qui existe entre les deux pays, au niveau de la formation et de la concurrence.
Un contrat ADEPS, enfin...
Repris dans la catégorie des moins de 74 kilos, Ibrahim dispose donc désormais d’un contrat ADEPS, ce qui va l’aider à financer sa participation à des tournois de premier plan, comme c’est le cas ce WE au Danemark, ou à Tallinn, Estonie, fin mars. Car jusqu’alors, ce sont les sacrifices familiaux qui lui ont permis de participer aux tournois européens et autres championnats.
Son entraînement est intensif. Régulièrement deux fois par jour, avant et après l’école. Son hygiène de vie est irréprochable, et on comprend vite pourquoi c’est nécessaire. Désormais à l’école Sainte-Claire, Ibrahim bénéficie d’une plus grande compréhension de son statut de sportif de haut niveau que par le passé. Des entraînements avec d’autres talents en devenir, mais pour progresser, il s’agit aussi de trouver de bons sparring-partners, et se confronter à des athlètes de meilleur niveau.
La Belgique est un petit poucet à l’échelle de la lutte européenne, aux regards de nations comme la Turquie, la Russie, le Bélarus ou l’Azerbaïdjan, et pour cette raison, le mérite d’Ibrahim est d’autant plus remarquable. Sa pugnacité est en train de l’amener vers les sommets.
Objectif: les championnats en 2023, et les J.O dans le futur
Faire partie des trois meilleurs mondiaux, c’est ce qu’impose la fédération belge pour être éligible à une qualification olympique. Pour son papa, Paris 2024 semble un peu trop proche que pour y prétendre, d’autant qu’il sera encore en U21. Sinon, ce sera pourquoi pas Los Angeles 2028… En attendant, deux objectifs se présentent à lui cette année : les championnats d’Europe, en Espagne, fin juin, et les Mondiaux polonais, début août. Deux stages en Turquie, le mois prochain, et en mai, doivent aider à s’y préparer… (LS)