A Verviers, de nombreux bâtiments dont certains ont une réelle plus-value architecturale sont la propriété de promoteurs, jugés peu scrupuleux. C’est en tout cas le coup de gueule poussé ce week-end sur Facebook par un commerçant verviétois. Depuis quelques jours, il constate des fenêtres ouvertes au 34 de la rue du Brou et la pluie qui s’infiltre. La maison est emblématique. Il a décidé d’interroger la Ville.
Audrey Degrange
Bernard Quickels est un libraire bien connu du centre-ville de Verviers. Cet amoureux des mots l’est aussi de sa ville et de son riche patrimoine architectural. Des bâtiments remarquables trop souvent laissés à l’abandon. A l’image de cet immeuble. Une situation intolérable pour le commerçant. Il décide d’exprimer sa colère sur les réseaux sociaux. « C’est une maison qui date de 1897 révèle-t-il. Elle est splendide et pourvue d’un clocheton à son sommet, avec un magnifique balcon. La date et les initiales du premier propriétaire, Félix Ymart, apparaissent deux fois sur la façade. C’était un monsieur richissime, rentier qui a d’ailleurs participé au financement de la chocolaterie Aiglon. C’était un personnage énigmatique, écrivain, dessinateur qui aimait Verviers et sa maison est en train de disparaître petit à petit. »
Ces maisons de prestige, souvent construites par des architectes de renom, la Ville de Verviers en regorge. Elles attirent les promoteurs et c’est là que le bât blesse pour Bernard Quickels qui décide d’interpeller les autorités communales. « J’espère de la pression énorme sur les propriétaires qui font seulement de la spéculation, qui sont souvent lointain, souvent des gens de Bruxelles, Anvers et qui se foutent pas mal de Verviers et de la beauté de leur maison. »
Un coup de gueule entendu par l’Echevin du Logement mais qui dans ce cas précis fait preuve de nuance.v« Il y a un permis d’urbanisme qui a été délivré fin 2022 où le propriétaire veut changer sa devanture et créer un accès privatif pour donner accès au logement au-dessus du commerce et pour mettre une enseigne, explique Antoine Lukoki.Donc, nous nous faisons des constats et des états de lieux au fur et à mesure des mois et quand on voit qu’un propriétaire ne bouge pas, alors là, on agit et on recense en inoccupé.»
Car la crise du logement est réelle à Verviers. Une taxe est d’ailleurs en vigueur sur les immeubles inachevés, délabrés ou inoccupés et si les propriétaires ont besoin d’aide, l’échevin rappelle que ses services sont disponibles. « Il y a aussi le choix de venir vers l’Agence immobilière sociale, LOGEO, dont je suis le président. Pour pouvoir mettre leur bâtiment en gestion et pour qu’on puisse remettre ces logements dans le marché locatif. Le propriétaire est gagnant. De un, exemption du précompte immobilier. De deux, il n’y a pas de vide locatif et de trois, c’est nous qui gérons les locataires. A un moment donné, tout est mis en oeuvre pour que le propriétaire se sente à l’aise. »
On vous sent remonté ?
« Je ne suis pas remonté, c’est juste qu’il y en a marre, il y a un ras-le-bol et quand on voit que certaines personnes vivent dans des logements pas décents et qu’il y en a des décents vides à Verviers, c’est à nous, politiques, de dire stop et de remettre la machine en ordre. »
Et ainsi rendre des perspectives à d’autres investisseurs pour que le centre-ville de Verviers puisse retrouver tout son dynamisme et son attractivité.