A Spa, le Golf Hôtel va-t-il être sauvé de la destruction par l’UNESCO ? Début septembre, Icomos, le conseil international des Monuments et sites, associé à l’UNESCO qui vient de reconnaître Spa au patrimoine mondial, adressait à la Ville un courrier dans lequel il mettait en garde les autorités communales sur la future démolition de l’édifice. Une démolition pourtant actée pour le 8 novembre prochain.
Audrey Degrange
Le 25 mars 2017, le Golf Hôtel était ravagé par un incendie. 4 ans plus tard, ses ruines ne cessent de s’inviter dans les débats communaux. Alternative Plus souhaite que l’on restaure cet immeuble au caractère patrimoniale indéniable là où la Ville de Spa vient de décider de le détruire. Et ce, alors que début septembre dernier, elle recevait une lettre d’Icomos l’encourageant à revenir sur sa décision... de quoi susciter l’incompréhension dans les rangs de l’opposition. « La Ville reçoit le courrier le 17 septembre. Le 28, le Collège acte la démolition. Il y a donc incohérence, relève Paul Mordan, Conseiller communal Alternative Plus. Alors soit, elle n’a pas lu la lettre ou alors elle passe tout simplement outre. Et là, c’est grave surtout pour les citoyens qui se sont battus pour cette reconnaissance.»
Interpellée au dernier conseil communal sur la question, la Ville de Spa s’est défendue Icomos, lors de sa visite de reconnaissance, n’a pas relevé l’état du Golf Hôtel. « Bien sûr que les représentants d’Icomos, n’ont rien dit parce que pour eux, cela coulait de source qu’un édifice comme celui-ci devait être conservé dans une ville classée au patrimoine de l’Unesco », poursuit le conseiller.
Le raser donc pour une question de sécurité n’est pas un argument recevable pour Paul Mordan. « Ca fait 4 ans qu’on nous dit que cet édifice va s’effondrer. Il n’y a pas un pan de mur qui est tombé. Si, des planches qui s’envolent car il faut les fixer et c’est aussi ce qu’on demande d’embellir cet édifice, refixer les balustrades, recouper les arebres et montrer que ce bâtiment on y tient et on veut le restaurer, c’est ça l’entrée d’une ville au patrimoine de l’Unesco et si vous me demandez s’ils ont compris, je ne le pense pas. L’Unesco, c’est du patrimoine, de la culture et de la création d’emploi et c’est ce que nous demandons. »
Dans sa lettre, Icomos pointe aussi du doigt le développement urbanistique de la ville et donc pour l’opposition le gigantesque projet immobilier de Mambaye-Hoctaisart. De quoi lui faire craindre une perte de la reconnaissance mondiale. "En moins de trois mois, allez deux fois à l’encontre des recommandations Unesco, je ne sais pas quelle ville a déjà osé faire ça?", s’interroge Paul Mordan.
Réunie cette après-midi en collège pour statuer sur le courrier d’Icomos, la majorité, par la voix de son échevin du patrimoine, Paul Mathy a tenu à rappeler que le Golf Hôtel était un bien privé et que son propriétaire était en droit de le détruire plutôt que de le reconstruire à l’identique. Que ce n’est pas Icomos qui avait inscrit Spa sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco mais bien le comité du patrimoine mondial et que donc un retrait ne semblait pas réaliste. Enfin, la Ville insiste, son plan de gestion est conforme aux demandes et différentes actions sont déjà mises en place comme un inventaire du petit patrimoine, la planification de la demande de classement du complexe Casino-Centre culturel ou encore la mise en place d’une cellule patrimoine au sein de la Ville.