Les bingos, flippers et autres jeux de hasard dans les cafés et les salles de jeux, ce sont eux qui les placent et les gèrent : les placeurs de jeux de hasard. Au total, ils sont une centaine en Belgique. L’entreprise hervienne Unibox est leader du secteur. Tous sont inquiets, car ils se voient progressivement exclure de leurs banques.
Le flipper a beau clignoter, les points s’accumuler, les fabricants, placeurs et exploitants de jeux de hasard dans les cafés et salles de jeux font grise mine.
"Le problème qui se pose actuellement, c’est que certaines banques, pas toutes, certaines banques avertissent les placeurs de jeux qu’elles ne les veulent plus comme client, tout simplement, explique Jean-Luc Brasseur, responsable des relations publiques chez Unibox et administrateur de l’Union professionnelle des placeurs de jeux de hasard, l’UBA-BNGO. Unibox est évidemment touché comme tous les autres. Certaines banques - nous ne travaillons pas évidemment qu’avec une banque, mais certaines banques nous ont déjà avertis qu’il allait être impossible de travailler avec elles".
Une manière pour les banques de limiter les risques contre le blanchiment d’argent
Certains opérateurs n’ont plus de compte bancaire. Ils ignorent comment poursuivre leurs activités et ne comprennent pas la position des banques.
"Elles invoquent le fameux dé-risking, le danger de blanchiment d’argent, ce que nous ne comprenons absolument pas puisque notre activité est totalement tracée et traçable à la Commission de jeux de hasard", précise Jean-Luc Brasseur.
Jouer qu’avec de l’argent en liquide: une obligation
Il faut savoir que la Commission de jeux de hasard impose l’utilisation d’argent liquide dans tous ces jeux pour des raisons de protection du consommateur. Les entreprises se retrouvent donc avec des quantités de cash à gérer et à manipuler. Mais les transactions de chaque machine sont transférées sur le serveur de la Commission qui les envoie elle-même au fisc.
« On ne comprend pas évidemment pourquoi le secteur privé est toujours un peu pénalisé par ces méthodes. Il m’intéresserait de savoir si la loterie nationale a reçu aussi des banques avec qui elle travaille, le même courrier que le secteur privé? Je pense que poser la question, c’est y répondre », souligne le porte-parole d’Unibox.
Plus de jeux de hasard, une perte pour les tenanciers de cafés
Unibox, place et gère les jeux de hasard dans près de 800 cafés de Wallonie et pratiquement autant en Flandres, depuis son rachat récent de Michiels. Pour les tenanciers de cafés aussi, les recettes des bingo et autres machines sont importantes.
"Après 45 ans d’horeca, je peux quand même dire: c’est quand même un plus. Il y a des mois très faibles et il y a des bons mois. Cela peut aider à payer le loyer et c’est de l’argent totalement clair qui n’est pas concerné par quoi que ce soit, stipule Georges Goffart, le patron de la brasserie «Gorgées ». C’est un nouveau coup sur l’horeca et les maisons de jeux qui ont aussi difficile puisque les gens ne jouent plus de la même manière".
Consultée, la fédération du secteur financier, Febelfin assurerait qu’il est inconcevable de bannir un pan entier d’activités. Ce que rappelle aussi la Banque nationale de Belgique. Reste que les exclusions des placeurs de jeux se poursuivent... Leur Union professionnelle UBA-BNGO a décidé d’interpeller des politiques sur la problématique.
(Aurélie Michel)