La majorité des supermarchés Mestdagh qui viennent d’être rachetés par Intermarché étaient fermés aujourd’hui. Notamment dans notre région, ceux d’Heusy et de Spa. Les salariés veulent des réponses claires quant aux conditions de reprise et de départ.
Les paroles de Soprano résonnent juste, ce jeudi, pour la trentaine de travailleurs du nouvel Intermarché d’Heusy. Comme la chanson qu’ils reprennent en choeur, « ils sont sur le pied de guerre aujourd’hui ». « Leur patience n’a plus de monnaie ». Pour le montrer, ils ont bloqué, en musique, l’accès au supermarché toute la journée.
"On ne fait pas souvent grève"
« Ici, Heusy ne fait pas souvent grève mais nous sommes solidaires et nous pensons aussi qu’il faut donner à la direction un signe. En disant : "Nous sommes là. Nous ne sommes pas du bétail, explique Marie, gestionnaire de caisses à Heusy. Nous avons de la reconnaissance pour notre travail, mais nous voudrions de la reconnaissance d’eux aussi, c’est-à-dire des conditions correctes sur la table pour ceux qui veulent partir ou ceux qui souhaitent rester. Que tout ça, soit clair et net! »
"Ce qui m’effraie le plus? Être franchisé"
Les travailleurs n’en peuvent plus des incertitudes. Ils sont dans l’inquiétude depuis mars 2022, depuis l’annonce du rachat des « Carrefour Mestdagh » par le groupement des Mousquetaires.
« Ce qui m’effraie le plus, c’est de tomber sur la franchise: les conditions de travail ne sont plus les mêmes, poursuit Marie. On a aucune certitude. Si on maintenant, on tombe malade, par exemple, le nouveau patron peut nous licencier après 6 mois et puis, au niveau salarial, c’est quand même perdre de l’argent. Vu l’époque actuelle et le pouvoir d’achat: 200 euros, c’est 200 euros »
"Le nouvel employeur n’aura aucune obligation de maintenir les mêmes conditions salariales "
"On parle toujours juridiquement de la CCT 32 bis donc, lors d’un transfert, cela permet au travailleur de conserver son contrat avec toutes les conditions qu’il avait. Mais ce n’est pas quelque chose de pérenne. Ici, il faut savoir qu’Intermarché travaille principalement avec des franchisés donc chaque magasin va se retrouver avec un employeur différent et lui n’a aucune obligation, dans le temps, de conserver ces contrats-là avec leurs avantages", explique Morgane Thomas, permanente au Setca Verviers dans le secteur du Commerce.
A Spa, aussi, les travailleurs réclament des garanties. Une caissière d’expliquer : "J’ai respecté mon contrat de travail pendant 22 ans, ils doivent le respecter aussi. Si on n’est pas d’accord de travailler dans les nouvelles conditions qu’il nous donne au moins les moyens de partir..."
Sans nouvelle avancée, les actions ne s’arrêteront pas là... Les travailleurs se disent prêts à aller "au finish".
(Aurélie Michel)