La décision de reprendre les cours pour les maternelles et les primaires a été influencée par l’appel de plus de 600 pédiatres. Dans une carte blanche, ceux-ci exprimaient des craintes pour la santé mentale des enfants confinés, les risques de maltraitance, de négligence ou de trop forte consommation d’écran.
"Nos pédopsychiatres n’ont jamais eu autant de travail"
"Un enfant c’est un être social. Il a besoin inévitablement d’avoir une ouverture par rapport à son milieu familial strict, soutient le pédiatre Pierre Phippet, chef de département au CHC Mont-Légia. On voit, pour le moment, tout une série de signes qui montrent qu’on a du stress. Nos pédopsychiatres et nos psychologues n’ont jamais eu autant de travail que pour le moment. Parce que les enfants, ce sont des éponges. Ils prennent tout le stress que peuvent avoir les parents. (...) Les enfants plus défavorisés qui sont dans des milieux familiaux plus fragiles souffrent pour le moment. Et ce sont ceux-là qui ont le plus besoin pour l’instant de retourner à l’école".
Aucune raison médicale de confiner les enfants de 0 à 12 ans
Pour eux, l’épidémie a évolué positivement en Belgique. Nos connaissances sur la maladie aussi. Aujourd’hui, "il n’y a pour nous aucune raison médicale valable pour exclure plus longtemps les enfants de la collectivité".
"Il y a eu des éléments qui, au départ, faisaient très très peur. Maintenant, on sait que certains de ces éléments-là n’étaient pas exacts. Le fait qu’un enfant peut transmettre beaucoup plus qu’un adulte le virus était basé uniquement sur l’expérience que nous avions avec le virus de la grippe", signale le pédiatre Pierre Philippet, pédiatre et chef de département au CHC Mont-Légia et président du Groupement belge des pédiatres de langue française.
Pourquoi est-ce qu’on change d’avis? "Il faut l’expliquer"
"On se rend maintenant que le covid-19, non, il ne se transmet pas de la même façon que le virus de la grippe. Non, l’enfant n’est pas un gros transmetteur. Au contraire, il est très probablement moins transmetteur qu’un autre, explique Pierre Philippet, pédiatre signataire de la carte blanche. C’est vrai que ce sont des choses qui évoluent avec le temps. Il faut que les gens comprennent cela et donc il faut qu’on leur explique".
"Comme le personnel soignant, les enseignants ne doivent pas oublier leur mission"
"Pourquoi est-ce qu’on change d’avis du jour au lendemain? C’est peut-être difficile pour un directeur d’école à qui on a demandé la semaine passée de commencer à mettre des lignes dans ses couloirs, de mettre des masques dans tous les coins... de lui dire une semaine après: "ah ben non, tout compte fait, ce n’est plus nécessaire". Bien évidemment que c’est difficile! Mais est-ce que ce directeur d’école ou ces enseignants doivent pour autant oublier la mission qu’ils ont. Leur mission, ce n’est pas de se protéger, eux, d’abord. C’est d’abord d’être des enseignants, c’est-à-dire de pouvoir accompagner des enfants avec lesquels ils ont une mission: ils doivent les éduquer, les accompagner sur le plan social etc. De la même façon que les médecins, que tout le personnel soignant, avec tous les problèmes de la crise du covid, a assumé ses missions par rapport aux soins". (Au.M)