C’est inhabituel pour l’imam verviétois Franck Amin Hensch. Sa mosquée « Les Compagnons » est vide. Et le restera même lors de la prière du soir de ce premier jour de ramadan. Mesures sanitaires obligent, seuls 15 fidèles peuvent venir prier en même temps. D’habitude, ils sont des centaines à s’y retrouver. Le ramadan, mois lunaire de jeûne pour les musulmans, est aussi un mois de partage.
"A la mosquée, on se retrouve tous. On se rencontre tous les soirs, il y a des centaines et des centaines de gens donc c’est toujours un moment qu’on apprécie beaucoup humainement parlant, explique Franck Amin Hensch, Imam à la Mosquée « Les Compagnons » de Verviers. Il y a le partage du repas où l’on invite souvent les plus démunis, les personnes qui sont seules. Il y a les visites de famille... Tout ce côté humain et social est impacté par le confinement".
Sofian Nalbou et Asmaa Zeroual font partie des jeunes Verviétois à venir prier régulièrement à la mosquée durant le ramadan...
"On considère souvent la mosquée comme un lieu de culte essentiellement, mais il ne faut pas oublier que c’est un lieu de rencontres, renchérit Sofian Nalbou, étudiant en théologie. Et pendant ce temps de ramadan, c’est d’autant plus important de se rendre à la mosquée. Mais avec les règles sanitaires, cela nous empêche de voir les personnes à qui on tient et les gens que l’on n’a pas vus depuis longtemps. C’est compliqué, mais on s’y fait".
"Au-delà d’être une difficulté ce confinement, on peut aussi l’aborder comme une richesse. Chaque ramadan, on a l’habitude de faire les mêmes choses: on invite beaucoup, on vient prier à la mosquée... Cela devient un peu une zone de confort et je pense que c’est bien d’un peu venir casser cette zone de confort et voir comment on peut aborder un peu ce mois différemment et essayer de se dépasser, car c’est un peu ça, au final, l’esprit du ramadan", stipule Asmaa Zeroual, étudiante en psychologie.
Comme l’explique l’imam verviétois, le jeûne, la privation de toute nourriture, boisson et relation charnelle de l’aube au coucher du soleil n’est en effet que le moyen. Pas le but du ramadan. Le but premier est de se nourrir spirituellement. Et là, le confinement peut s’avérer positif: "Dans le sens où le confinement a remis en question pas mal de nos comportements et, parfois, nous a ramenés de lui-même à l’essentiel. Le jeûne a été une dose en plus de bouleversement pour revenir à l’essentiel et avoir un regard critique sur notre vie, notamment notre mode de consommation aujourd’hui".
A la mosquée, d’habitude, des repas sont aussi offerts aux plus démunis durant le ramadan. Impossible cette année. Les Compagnons, comme d’autres mosquées, ont donc décidé d’aller directement chez les personnes fragilisées leur apporter les repas préparés. (Au.M)