Centre hospitalier régional: unité des soins intensifs. En quelques semaines, ce lieu que l’on connait tous, a tellement changé. La vague du Coronavirus est passée par là . Dans l’urgence, mais avec méthode, les espaces ont été remodelés: il y a deux zones, hermétiquement séparées: la zone propre, celle des patients dits ordinaires, et la zone sale, où nous nous trouvons. Celle des malades du Covid -19, la plupart intubés et sous respirateur, placés en coma artificiel. Pour y travailler, les soignants doivent subir, huit heures durant, un harnachement peu commode: tabliers, gants, masques, charlotte, visière en plexiglas, en croisant les doigts pour que cela suffise. La peur est maîtrisée, tenue à distance, en fonction des moments . La concentration est de tous les instants.
Et la peur, elle peut à nouveau croître en fonction des circonstances. Un changement de type de masques, ce vendredi , après notre tournage, l’a fait resurgir. Des masques KN95 remplacent les masques FFP2. Crainte chez les soignants. Volonté de rassurer du côté de la direction qui indique qu’ils ont fait l’objet de tous les contrôles.
Quant aux patients, ils nécessitent une surveillance permanente: placés dans le coma, ils requièrent sans cesse des soins , comme changer leur position pour qu’ils puissent mieux respirer.
Médecins et infirmières ou infirmiers, qui font preuve d’une maîtrise impressionnante, n’avaient sans doute jamais prévu se retrouver dans une telle extrémité. Pourtant ils assument. Pour eux, ce n’est pas héroïque, c’est simplement leur métier…
Un jour , ces lieux retrouveront leur physionomie normale, non sans jamais se défaire de la marque de cette période secouée. Quant aux soignants, ils auront été comme des phares allumés en pleine tempête, sur la côte déchiquetée de l’existence humaine face à l’épidémie. Certains enfouiront cela dans leurs souvenirs, d’autres l’auront écrit dans un journal quotidien. Il restera la reconnaissance, quand il n’y avait plus rien à quoi se raccrocher, d’avoir été soigné et d’avoir été rassuré.
U.O.