Imaginez le Cwarmê en pleine semaine d’école, en-dehors des congés scolaires. Les rôles du lundi et surtout la grande journée du brûlage de la haguète sans les enfants. C’est ce qui risque d’arriver dès 2023, quand les nouveaux rythmes scolaires seront adoptés dans nos écoles.
« Pour nous, pour les présidents des sociétés malmédiennes que je représente ici, ça a été un choc d’apprendre cette nouvelle qui va placer les mardis gras majoritairement en-dehors des congés scolaires. La ministre a décidé d’une réforme des rythmes scolaires, nous ne sommes pas spécialistes en la matière, nous ne sommes pas psychopédagogues, et nous ne voulons pas remettre en cause le bien-fondé de cette mesure, mais toujours est-il que cela va bousculer les traditions carnavalesques malmédiennes », nous confie Fabien Marichal, président de la Royale Malmédienne et par ailleurs futur Trouv’lê du Cwarmê 2022 et 2023.
Les 5 grandes sociétés malmédiennes, la Royale Malmédienne, la Royale Union Wallonne, la Royale Echo de la Warche, la Royale Harmonie la Fraternité et Lu Mesnie dol Haguète, ont donc envoyé un courrier à la ministre de l’Education, Caroline Désir, pour lui demander d’adapter ces deux semaines de congés pour qu’une, au moins, coïncide avec les jours gras.
« Nous ce qu’on lui demande, c’est d’être moins rigide sur le principe de 7 semaines de cours et deux semaines de congés. Nous demandons plus d’assouplissement afin que le lundi et le mardi de carnaval tombent en période de congés »
« On va déplacer la date de Noël ou placer Saint-Nicolas au printemps ? »
Seules Malmedy et Binche sont directement concernées, avec des festivités carnavalesques prévues en semaine. Ceux qui ne connaissent pas les traditions pourraient facilement dire qu’il n’y a qu’à adapter les dates du carnaval au futur calendrier scolaire.
« Si vous me demandez s’il faut déplacer le carnaval, demain vous allez demander de déplacer la date de Noël ou placer Saint-Nicolas peut-être au printemps ? Il y a eu 563 éditions du Cwarmê respecteuses du calendrier lunaire. On espère que Madame Désir ne va pas mettre à mal notre calendrier et nos traditions », ajoute avec beaucoup d’espoir Fabien Marichal.
La démarche des présidents de sociétés malmédiennes n’est pas si anodine que cela. Le Cwarmê, ancré dans les traditions, sert aussi de lien social, éducatif, culturel et d’apprentissage. Il suffit de voir l’effervescence dans les écoles pour préparer les jeudis gras, les cortèges, etc. Sans parler de l’Académie de musique, de la défense du wallon, etc.
Porte ouverte à la discussion
La ministre Désir a accusé bonne réception du courrier des sociétés malmédiennes. En défendant ce nouveau principe des rythmes scolaires. Mais aussi en laissant une porte ouverte à la discussion pour les particularités folkloriques régionales. Une rencontre sera organisée prochainement entre son cabinet et les acteurs du Cwarmê pour tenter de trouver une solution. Plusieurs dates ont d’ailleurs déjà été proposées, par le cabinet de la ministre, pour des réunions à organiser dans les semaines à venir. (O.T.)