D’ordinaire, faire son deuil est déjà une épreuve en soi. En période de confinement, c’est un déchirement sans nom pour de nombreuses familles. Car, impossible vu le coronavirus, de se rassembler pour rendre un dernier hommage à son défunt. Aux centres cinéraires de Welkenraedt et de Robermont aujourd’hui fermés au public, on doit aussi s’adapter à cette pandémie. Les crémations étant toujours assurées.
Audrey Degrange
Que ce soit à Welkenraedt ou Robermont à Liège, le constat est le même. Des parkings et des salles de cérémonie désespérément vides... laissant la place à un silence à la fois pesant et inhabituel en ces lieux pourtant dédiés au recueillement. «C’est assez impressionnant tant pour le personnel que pour moi car on n’a pas l’habitude de voir nos deux crématoriums dans une telle situation, explique Philippe Dussard, Directeur général de l’intercommunale Neomansio. En plus, on a souvent l’habitude de que nos centre cinéraires sont des centres de vie car nous accueillons énormément de personnes vivantes venues pour rendre un dernier hommage à leur proche. Aujourd’hui, il n’y a plus personne, ce sont uniquement des espaces techniques car on maintient l’activité de crémation. »
Avec en moyenne 8 crémations par jour à Welkenraedt et 17 à Liège, le nombre de personnes fréquentant d’ordinaire les sites se compte par moment par centaine, fermer les centres étaient donc une obligation. Mais un véritable déchirement pour Philippe Dussard et son équipe qui ne peuvent aujourd’hui plus assurer leur mission d’accompagnement des familles endeuillées. «Pouvoir rendre le dernier hommage ça fait partie du cheminement de deuil donc on axe très fort sur cet aspect avec une préparation importante faite avec ce que souhaite les familles. C’est vraiment très dur de faire le deuil de son proche. »
Et encore plus quand le décès est dû au covid-19, l’au revoir est là impossible...« Faut se rendre compte que les familles ont déjà vécu une grande difficulté dans le monde hospitalier, note Philippe Dussard. Il a des mesures de confinement donc un rapprochement qui est inexistant et puis si la mort survient, c’est pareil, on ne peut pas dire au revoir, ni voir le corps ou encore le toucher, c’est... »
Impuissant, c’est assurément le ressenti de ces professionnels dont l’émotion est palpable et qui doivent néanmoins poursuivre leur rôle de service public tout en prenant les précautions d’usage. « Les mesures, c’est la distanciation sociale des différents membres du personnel, quand ils doivent toucher certaine surface, on leur demande de porter des gants et quand ils sont amenés à décharger le cercueil et qu’ils sont proches l’un de l’autre, on leur demande de porter une visière et un masque. » conclut le directeur général de Neomansio.
Des mesures inédites qui déshumanisent une nouvelle fois le processus du deuil car c’est aux entrepreneurs des pompes funèbres que sera d’abord rendue l’urne funéraire. La famille, en comité restreint, sera ensuite autorisée à organiser une brève cérémonie à l’extérieur pour un ultime adieu rapide et de loin...