Dans cette crise du coronavirus, les pompiers ambulanciers sont aussi en première ligne pour amener les patients atteints vers les hôpitaux. Il y a quelques jours, les pompiers bruxellois tiraient la sonnette d’alarme, ils ne sont pas assez équipés et tombent malades. Dans notre arrondissement, nous avons tenté de savoir si la situation était aussi dramatique. Fort heureusement, ce n’est pas le cas même si le manque de moyens est effectivement une réalité.
Audrey Degrange
« On vit des situations inimaginables, s’indigne Eric Labourdette, Sapeur-pompier et ambulancier, président SLFP « Zone de secours ». Raconter ça dans un pays civilisé et les gens rigolent de vous. Aujourd’hui, on en est à laver des salopettes jetables, à remettre des masques pendant huit heures. Bientôt, ils nous feront aller à l’incendie avec des gants de vaisselle parce que ça coûte moins cher ! »
Le coup de gueule de ce pompier bruxellois n’est pas passé inaperçu. En pleine crise sanitaire, Eric Labourdette dénonce un manque criant de moyens pour les pompiers ambulanciers qui tous les jours doivent faire face au Covid-19. Si la situation n’est pas identique en Province de Liège, le sentiment est tout de même partagé. « Actuellement on a l’impression d’être oublié par le fédéral, confirme Quentin Grégoire, Commandant des pompiers de la Zone de Secours Vedre Hoëgne et Plateau. Alors, ce n’est pas le moment de tirer sur le pianiste et de polémiquer, on se débrouille. On a la chance d’avoir une bonne collaboration au niveau local et zonal mais effectivement on est étonné de voir le peu de fourniture que le fédéral parvient à nous acheminer."
Et c’est peu de le dire, que ce soient donc les masques, salopettes jetables, lunettes de protection ou encore gel hydro-alcoolique, tout est livré au compte-goutte. Fort heureusement, nos pompiers ont pu compter sur un soutien local via des dons de citoyens et d’entreprises. Sentant aussi la crise arriver, ils avaient quelque peu anticipé contrairement aux collègues Bruxellois. « Au début, certains membres n’ont pas pu comprendre les mesures que l’on prenait c’est-à-dire ne s’équiper qu’en cas suspect et ne garder les stocks que pour les cas avérés. »
Une mesure qui permet aux zones de secours de la Province de Liège de travailler, pour l’instant, en sécurité. C’est loin d’être anodin car depuis le début de la crise, l’ambulance Covid-19 de Verviers sort en moyenne 8 fois par 24h. Certains jours, ce fut jusqu’à 20 fois. « Concrètement, ils savent qu’ils vont intervenir pour un patient Covid donc ils s’équipent comme il faut, ils l’emballent et l’emmènent à l’hôpital. Comme il est prévenu, ce personnel est quelque part préservé. Quand c’est l’ambulance normale, on met d’office un masque au patient et le personnel en a un aussi, au cas où... »
Si aujourd’hui, les interventions commencent à se stabiliser, Quentin Grégoire en profite pour rappeler à tous qu’il est essentiel de rester chez soi car gérer les cas Covid-19 est loin de laisser les pompiers ambulanciers indifférents. «Il faut se rendre compte qu’effectivement certains patients sont atteints de détresse respiratoire donc, il ne faut pas crier au loup, 80% des personnes malades du coronavirus peuvent restez chez elles mais 20% vont avoir besoin de soins. Il faut donc bien respecter le confinement pour ne pas propager la maladie, ça protègera les citoyens mais aussi notre personnel pour qui psychologiquement, ce n’est pas facile. »
Au poste, les pompiers volontaires et professionnels le sont aujourd’hui plus que jamais mais ils préviennent déjà : après la crise, que les autorités fédérales ne s’étonnent pas, elles devront leur rendre des comptes et leur donner de vrais moyens pour fonctionner.