La réalité d’un producteur n’est pas celle de l’autre. Pour la coopérative Biomilk.be qui regroupe une quarantaine d’agriculteurs de la région, le coronavirus apparaît comme une opportunité à saisir pour faire changer les mentalités en terme de consommation. Jamais les citoyens n’ont autant fait le pas du local et du durable.
Audrey Degrange
Une agriculture raisonnée grâce notamment au bio et à une consommation locale, c’est le leitmotiv de la coopérative Biomilk.be dont Luc Hollands est aujourd’hui le président. Un message qui prend en ces temps troublés par le coronavirus toute son ampleur. Jamais les consommateurs ne se sont autant tournés vers les petits producteurs. "Nous quelque part, on est en rupture de stock on a trop peu de production ça veut bien dire que le local, c’est une solution."
Et s’il y a quelques jours, l’European Milk Board s’inquiétait d’une probable nouvelle crise du lait. A la coopérative, on est un peu moins alarmiste. « On est plus optimiste parce qu’avec Biomilk.be on a décidé de ne produire que pour le marché locale donc tout notre lait reste en Belgique. De plus, on produit local donc n’achète pas du soja pour nourrir les bêtes et produire trop de lait. On devrait être moins impacté cette fois-ci», espère Luc Hollands.
Reste qu’il faut pouvoir écouler sa production. Car avec le confinement, les marchés et les restaurants ont dû fermer faisant grimacer certains fromagers. Seul créneau encore possible, les magasins de proximité comme celui de Stéphanie Poelst à Charneux. "C’est baucoup de demandes, de produits à aller chercher, à ranger et étiquetter. C’est plus de travail et moins d’aide pour moi vu le virus. Question approvisionnement, on s’adapte, c’est clair que le papier-toilette fut difficile à trouver comme certains légumes." Du coup, certains producteurs pourraient-ils venir écouler leur marchandise chez vous? "Oui, pourquoi pas, ça aiderait dans certains cas."
Une aide qui sera aussi la bienvenue pour les agriculteurs qui en plus de leur activité ont fait le choix de la diversification. Là aussi pour certains, la situation est plus que compliquée. « Beaucoup se sont lancés dans le tourisme à la ferme et pour l’instant c’est moche parce que tous les gîtes sont vides. Il n’y a rien qui rentre et ce sont de gros investissements qui ont été consentis. Ce sont des étables qui ont été transformées à coup de millions et on ne sait plus les rembourser. »
Solidarité envers le secteur agricole et les petits artisans est aussi le message que nos deux interlocuteurs souhaitent délivrer espérant au passage que cette crise sanitaire permettra de faire évoluer certaines politiques et mentalités, un peu trop axées... mondialisation.