En décembre 2021, une mystérieuse pierre a été découverte dans la commune de Stavelot. Cette pierre était en fait une borne frontière qui avait disparu depuis des dizaines d’années. Depuis, elle occupe une place importante dans l’atelier d’un artisan de la région.
Elle a 150 ans. Cette pierre marquait la frontière entre la Prusse et la Belgique autrefois. Une borne-frontière que Fabrice Barbette a récupéré bien abîmée dans son atelier, et qu’il s’occupe de remettre à neuf. "On ne la voit plus, mais il y avait une grosse cassure à 45 degrés. Mon travail, c’est de l’effacer, redresser la partie haute et la partie basse et de recoller un morceau de pierre au milieu" indique Fabrice Barbette, tailleur de pierre de la région.
Des dizaines de bornes comme celle-ci sont répertoriées sur une carte libre d’accès pour les passionnés. Depuis 1815 et le congrès de Vienne, des bornes en bois délimitaient les frontières entre la Belgique, le Luxembourg, la Prusse et les Pays-Bas. Le bois est ensuite remplacé par de la pierre, les bornes deviennent numérotées lors de la seconde moitié du 19ème siècle. A Fourir, la numéro 114 manquait à l’appel. Considérée comme perdue, elle a été retrouvée ! "En discutant avec des villageois, on m’a signalé qu’il y avait une borne abandonnée à proximité du village de Beaumont. En y allant, de fait, elle était là, cassée en deux, aux abords du champ" confie Jonathan Margrève, responsable communication de l’office du tourisme de Stavelot. "On a contacté l’Agence wallonne du Patrimoine qui a subventionné à 100 % les restaurations" rajoute Jonathan Margrève.
"Il est important de conserver ce témoignage"
Ces bornes de 150 kg, aux faces belges, « B », et aux faces prussiennes, « P », sont les marqueurs d’un passé historique belge important. " Toute notre région va être annexée à la France. L’Empire français s’achève en 1815, l’année de la défaite de Napoléon. À ce moment là, il y a un partage des terres qui va être fait. Une frontière est dessinée de manière arbitraire dans notre Haute Ardenne, et c’est cette frontière-là qui va être matérialisée par les bornes en pierre" explique Patrice Lefebvre, échevin du tourisme de Stavelot. "C’est la mémoire, c’est l’histoire. Je crois qu’il est important de conserver ce témoignage de cette histoire européenne" poursuit Patrice Lefebvre.
La borne 114 faisait partie d’un ensemble de plus de 350 autres pierres frontalières. Cette trace du passé sera replacée toute proche de son emplacement original. "Cette borne sera replacée à une centaine de mètres du lieu où on l’a retrouvée" annonce Jonathan Margrève.
Il y a bien longtemps, elle servait de repère frontalier. Demain, elle servira de repère historique. La borne-frontière numéro 114 sera replacée en juin, non loin des chemins de randonnée et des sentiers de VTT. (A.Millet)
