C’est une aventure exceptionnelle et ô combien dangereuse que deux policiers de la zone Stavelot-Malmedy ont vécue hier soir en plein cœur des Fagnes. Ils sont partis à la recherche d’un couple de Bruxellois qui était perdu alors que la nuit était tombée. Un sauvetage in extrémis, alors que les deux jeunes imprudents étaient au bout de leurs forces. « On a bien cru un moment qu’on allait avoir une nouvelle histoire malheureuse digne des Fiancés de la fagne », nous commente Manu Servais, inspecteur principal, qui est intervenu au péril de sa vie pour sauver ce couple, bien aidé par son collègue David Huyghe.
« Le jeune homme a appelé le 101 vers 17h30, quand il s’est rendu compte qu’il faisait noir et qu’il ne retrouvait pas son chemin. Ils étaient partis d’Eupen, où ils logent, en comptant sur une balade de 6 heures, avec retour en bus depuis le Signal de Botrange. Mais entretemps ils se sont perdus et c’était compliqué de les retrouver là-bas. Dans un premier temps, le jeune homme qui avait une carte avec lui, nous expliquait au téléphone qu’ils recoupaient vers le Signal après avoir passé le pont Marie-Anne Libert sur la Helle. De notre côté, on a dû se garer près de l’Eau Noire à Sourbrodt, impossible d’aller plus loin en véhicule, il y avait encore plus de 30 cm de neige hier soir. Heureusement que nous connaissions bien le coin, parce que finalement nous les avons retrouvés vers 21h, à 4 km de l’endroit où ils pensaient être », détaille encore l’inspecteur principal Manu Servais.
Une aventure qui aurait pu virer au drame. « La jeune dame était frigorifiée, désorientée, elle ne savait plus où elle était, si elle devait aller à gauche ou à droite. Encore quelques heures et je pense qu’il y aurait pu avoir un drame, oui. D’autant plus que la zone qu’ils ont couverte est particulièrement dangereuse, avec de la gadouille ou de la neige haute, des trous, des tourbières, des caillebotis extrêmement glissants. Nous-même avons traversé la Helle, avec de l’eau jusqu’au genou. Je ne vous raconte pas l’état de nos uniformes », sourit, après coup, Manu Servais, qui n’a pas craint pour lui ou son équipier, « nous savions par où retourner en cas de problème, nous sommes tous deux très sportifs et on savait qu’on pourrait nous récupérer. J’ai la chance de bien connaître l’endroit. »
Après avoir retrouvé les « perdus des fagnes », un véhicule du DNF a pu récupérer tout le monde. Le couple a été reconduit jusqu’Eupen, où l’hôtelier qui les accueillait - et les croyait partis - a dû revenir leur ouvrir la porte. Plus de peur que de mal, pas de remake malheureux de la Croix des Fiancés, mais la fagne ne fait pas de cadeaux à ceux qui s’y aventurent le pied trop léger. (O.T.)