Le néerlandais Yvo Theunissen a été reconnu coupable du meurtre du policier Amaury Delrez à Spa et de tentative de meurtre sur son collègue. Il a écopé ce lundi de 27 ans de prison. Certains de ses anciens collègues sont venus témoigner. D’autres policiers de la Zone Fagnes ont tenu à lui rendre hommage. De retour dans leurs bureaux à l’Hôtel de police, ils reviennent sur cette semaine forte en émotions.
Aux gardes à vous, en silence, les collègues d’Amaury Delrez attendent sa famille à l’issue du procès à la Cour d’assise de Tongres. Le verdict a été prononcé : 27 ans pour le néerlandais Yvo Theunissen, reconnu coupable du meurtre du Spadois et de tentative de meurtre sur son collègue. De nombreux policiers espéraient une peine plus lourde ou du moins, une peine incompressible.
Ils ne pouvaient pas porter leurs uniformes à l’intérieur alors ils rendent hommage à Amaury Delrez ici, devant le palais de justice.
"Des questions restent sans réponse"
"Comme de nombreux collègues, c’est un sentiment mitigé, constate le nouveau chef de corps de la police Zone Fagnes, Thomas Danloy, qui a assisté toute la semaine au procès et a donné chaque jour un compte-rendu aux policiers restés à Spa. On est satisfait que cette semaine soit terminée. Mais, par rapport aux choses qu’on a entendues, il reste des questions qui restent toujours sans réponse. Nos avocats ont plaidé la préméditation. Le Ministère public également, mais les jurés ne l’ont pas entend. Mais voilà, c’est comme ça, et on doit respecter la décision des jurés. »
"On avait besoin de savoir et on avait peur de revivre ce moment-là"
"Il y a une dualité cérébrale. On avait vraiment besoin de savoir ce qui s’est passé réellement, besoin d’entendre l’auteur s’exprimer sur les faits. Le fameux : pourquoi ? Pourquoi est-ce que c’est arrivé? Je crois que l’épouse d’Amaury, ses enfants et nous-mêmes, on aura toujours besoin d’avoir cette réponse-là, mais on ne l’aura jamais vraiment, en fait. C’était aussi un moment redouté, car on avait peur de voir le moment arriver, de revivre ces émotions qu’on a vécues à ce moment-là », explique Jean-Michel Lejeune, directeur des opérations à la Zone de police Fagnes.
Ce moment-là, c’était fin août, voilà 4 ans, lors du Grand Prix de formule 1, Amaury Delrez était abattu d’une balle dans la tête lors d’un contrôle de routine en plein centre de Spa. Un meurtre qui a bouleversé toute la zone de police Fagne. Il y a un avant et un après, comme l’explique David Minocci qui partageait autrefois son bureau.
"Cela peut arriver même dans une petite zone comme la nôtre"
« Quand je viens au travail, quand je dis aurevoir à mes enfants, je leur dis au revoir d’une manière un peu plus "profonde", même si eux ne le ressentent pas. On se dit que cela peut vraiment arriver à tous les coins de rue, même dans une petite zone comme la nôtre. On doit redoubler de prudence à chaque fois. »
Le nouveau chef de corps n’était pas là au moment des faits. Nommé voilà 6 mois, il constate jour après jour combien l’événement a marqué la zone de police: "C’est quelque chose qui a influencé des choix, des décisions qui ont été prises au sein de la zone au niveau sécurité, des entraînements, des formations ».
"Il fera toujours partie de notre corps de police"
Une stèle et des photos rappellent toujours ici et là ce collègue apprécié et père de 3 enfants.
« Il fera de toute façon partie de notre corps de police jusqu’à la fin, cela ne changera pas. Certains collègues vont régulièrement au cimetière pour lui dire bonjour. Cela ne le ramènera pas mais on doit conserver son souvenir, notamment au travail pour justement être toujours le plus aguerri et avoir le maximum de sécurité et rassurer aussi nos familles personnelles car ils se posent aussi des questions par rapport à ça », signale David Minocci.
Si des précautions supplémentaires ont été prises, une incertitude demeure toujours. Une incertitude liée aux personnes que les policiers appréhendent, comme ce funeste jour d’août 2018.
(Aurélie Michel)