Un jeune ouvrier de 20 ans d’origine albanaise a-t-il voulu tuer son chef dans une entreprise de Welkenraedt ? C’était le débat ouvert devant le tribunal correctionnel où il était accusé de tentative d’assassinat et où il risquait 5 ans de prison.
Entre lui et son chef, par qui il se disait harcelé et humilié, le courant ne passait pas, les réprimandes et les disputes étant fréquentes. Jusqu’à ce 10 avril 2020, où après une nouvelle altercation verbale, à la sortie du travail, l’ouvrier sollicite des explications de son chef, qui accepte de le suivre jusqu’au parking de la gare de Welkenraedt. Et c’est là que, deux témoins en attesteront, le jeune homme fonce sur l’homme encore assis à son volant, et lui assène deux coups de couteau de cuisine, au bras et à la jambe.
Pour le Parquet et la partie civile, la tentative d’assassinat était évidente. Le jeune Albanais avait ruminé la scène du matin, était retourné chez lui sur le temps de midi chercher un couteau, et avait attiré le chef dans un piège. Mais lui se défendait de toute intention homicide. Le couteau était dans sa voiture, et il l’avait pris avec lui car il avait vu dans les yeux de son chef l’intention d’en découdre. Le ministère public avait réclamé 5 ans de prison ferme.
Mais pour la défense, c’est l’acte d’un gamin immature qui a complètement déraillé, lui qui est généralement décrit comme un gentil garçon, poli, respectueux, calme et bien élevé. C’est suite à l’accumulation de sentiments mal gérés qu’il a explosé. Il n’a d’ailleurs visé et atteint aucun organe vital, et a arrêté de lui-même son geste. L’intention homicide n’est pas prouvée, encore moins la préméditation.
Une argumentation suivie par le tribunal, qui a disqualifié la prévention de tentative d’assassinat en coups et blessures volontaires, pour lesquels il l’a condamné à 30 mois de prison avec sursis probatoire pour le surplus de la détention préventive (L.B.)