Mohamed est un réfugié palestinien de 25 ans arrivé en Belgique en 2019, fuyant la Palestine où il était grandement menacé par le pouvoir du Hamas parce qu’il avait refusé de dénoncer ses frères affiliés au Fatah. Echoué au centre Fedasil pour réfugiés de Spa, il s’est vu refuser sa demande d’asile politique. C’est alors que, le 18 août dernier, dans le chalet où il résidait, il a ouvert une bonbonne de gaz un briquet à la main et exigé de rencontrer le secrétaire d’état à la migration Sammy Madhy, sinon il se faisait sauter.
Depuis lors, Mohamed se trouve en prison et a dû répondre de son geste insensé qualifié de menace d’attentat devant le tribunal correctionnel.
« J’avais beaucoup de problèmes en Palestine, où j’ai vécu d’abord dans le mensonge chez une tante que je croyais ma mère, puis j’ai pu découvrir ma famille biologique. J’y ai trouvé des frères, qui faisaient partie de la branche armée du Fatah, et que le Hamas au pouvoir exigeait que je les dénonce, ce que j’ai refusé. Je broyais du noir à l’idée d’être expulsé suite au refus de ma demande de statut de réfugié. Je n’ai voulu qu’attenter à ma propre personne sans penser que j’aurais pu faire du mal à d’autres, je n’ai jamais d’ailleurs dans ma vie fait du mal à personne. »
Si Mme Troisfontaines, ministère public, admet que sa situation était peut-être dramatique, celle-ci n’excuse pas son geste qu’elle assimile à un chantage affectif. « En menaçant de faire exploser le chalet, il risquait la vie d’autres personnes et des dégâts considérables au centre". Elle réclamait 1 an de prison pour cette scène inconsidérée.
Pour son avocat Me Haumont, il faut considérer qu’il était en état de détresse extrême. Il pensait s’immoler lui-même sans penser aux conséquences, encore moins de faire du mal à quelqu’un. Il demande une suspension du prononcé, ou en tout cas un sursis pour la peine qui serait prononcée.
Le tribunal a suivi les deux plaideurs, en condamnant Mohamed à un an de prison, mais avec sursis pour le surplus de la préventive. (L.B.)