Le tragique accident du Mont Theux ayant causé la mort deux personnes suite à l’emballement d’un camion fou a été évoqué ce matin devant le tribunal de police de Verviers, où le chauffeur, un Ukrainien de 43 ans et le patron de la firme propriétaire du camion, un Polonais, sont poursuivis pour homicides involontaires.
C’est le 3 juillet 2015, vers 9h du matin, qu’un camion chargé de bobines de papier, aborde la descente du Mont-Theux. Mais dans la descente, le camion s’emballe, les freins ne répondant plus. C’est à 90 km/h qu’il atteint le bas de la descente, traverse le village de Mont situé sur un faux plat, mais ne peut redresser sa trajectoire lorsqu’il aborde le virage accentué sur la droite vers Theux, lui aussi en descente. Il va tout droit, écrasant contre la glissière une première voiture survenant en sens inverse, avant de verser dans un jardin situé en contrebas en entraînant une autre voiture qui sera écrasée sous le poids lourd. Le camion prendra feu à proximité de la maison des riverains.
Dans la première voiture se trouvait Vanessa Hansenne, une jeune Theutoise de 29 ans, et dans la seconde, Josephus Ravese, un septuagénaire domicilié à Seraing. Ils sont décédés tous les deux, tandis que le chauffeur, s’en tirait indemne.
Il est poursuivi aujourd’hui pour homicides involontaires, de même que son patron. Car l’expertise effectuée par l’expert du parquet M. Somja, est tout simplement effarante : il n’y avait plus aucune garniture sur trois des freins du tracteur, et était tenue sur le quatrième : « Les constatations démontrent avec certitude que ce véhicule n’était pas en ordre du point de vue des freins. Il ne devait pas pouvoir circuler dans cet état » affirme l’expert qui ajoute que cette usure est bien antérieure à l’accident.
Le réquisitoire du ministère public, qui qualifie les prévenus de dangers publics, est implacable. « Ils disent avoir changé les plaquettes de frein juste avant le départ, et qu’elles se seraient usées lors du trajet de 6.000 km effectué en Europe en 15 jours, alors qu’elles peuvent durer jusqu’à 40.000 km. » Il réclame 2 ans de prison, trois ans de déchéance et une amende de 4.000 euros pour chacun d’eux. Les parties civiles ne sont pas moins véhémentes, parlant d’acte meurtrier, de carnage, de convoi de la mort…
La défense, elle, invoque la possibilité de l’usage involontaire de plaquettes de contrefaçon, un trafic courant dans les pays de l’est. Jugement le 19 mars (L.B)