A Bullange, un trentenaire est accusé de 388 préventions relatives à du "grooming" et des "sextorsions". Via les réseaux sociaux et grâce à un faux profil, il a incité une quarantaine d’adolescentes à se livrer à des gestes à caractères sexuels devant leur webcam ou d’envoyer des photos compromettantes. Le Ministère public a requis, la semaine dernière, devant le tribunal correctionnel d’Eupen, 15 ans de prison à son encontre. Si les faits de "sextorsion" ou de "grooming" sont passibles de poursuites dans le code pénal, ils demeurent trop méconnus des jeunes et de leurs parents.
Ces deux nouveaux mots sont arrivés avec les médias numériques. Sextorsion, c’est l’extorsion d’images à caractère sexuel. Le grooming désigne quant à lui, un adulte qui tente de gagner la confiance d’un jeune pour que celui-ci lui envoie des photos de lui partiellement nu. Avec celles-ci, il manipule le jeune à des fins sexuelles.
C’est ce qu’on reproche au trentenaire de Bullange accusé de 388 préventions commises sur internet à l’encontre d’une quarantaine d’adolescentes. Il est entré en contact avec elles en créant d’abord un faux profil sur les réseaux sociaux.
"La première chose, c’est de sécuriser ces jeunes, de les mettre en confiance. Cela va même jusqu’à aller sur différents sites pour avoir différents éléments sur la vie du jeune, savoir ce qu’il a déjà posté sur Tik tok, sur Snapchat etc. pour montrer qu’il y a vraiment un intérêt par rapport à ce qu’il a montré, par rapport à ce qu’il vit, détaille Fabienne Glowacz, Chargée de cours en Psychologie à l’Uliège. Partant de là, il y a une pseudo relation qui s’instaure où le jeune se sent de plus en plus confiance, compris, où il peut également s’amuser... qui va l’amener à répondre positivement à des demandes auxquelles il n’aurait peut-être jamais pensé qu’il allait répondre".
Un phénomène qui touche les jeunes de toutes les couches sociales, de toutes les écoles. Pourtant il demeure largement méconnu.
"Les jeunes doivent faire super attention car une fois cela part, c’est parti. Ils ne se rendent pas toujours compte du danger qu’il y a derrière. Même en première secondaire, on devrait vraiment enseigner cela", indique une jeune fille.
"Quand j’étais un peu plus jeune, je n’ai pas fait attention à ce que je faisais et des photos de moi ont tourné sur les réseaux, explique son amie. Moi, j’avais un peu honte parce qu’il ne faut pas envoyer ça... C’est un peu une atteinte à la pudeur. J’avais honte de le dire à mes parents. Surtout eux les ont reçues aussi ces photos".
C’est cette honte, cette peur, qu’utilise le groomer pour aller de plus en plus loin. "Une fois que cela démarre c’est assez difficile d’arrêter le processus pour le jeune. Il a aussi cette peur qu’on utilise ses photos, qu’on le dise à ses parents, qu’ils soient surpris de voir des choses qui soient qualifiées négativement. La peur peut aussi amener à être de plus en plus enfermé dans un piège", confirme Fabienne Glowacz, Chargée de cours en Psychologie.
Pour sortir de ce piège, il faut en parler à un tiers, quelqu’un de confiance : un ami, un parent ou Child Focus. La victime peut déposer plainte à la police locale. Une aide psychologie peut s’avérer nécessaire.
Sur son site, Child Focus donne une série de conseils pour éviter les chatteurs suspects, qui pourraient avoir de mauvaises intentions.
* Mieux vaut se méfier d’une personne inconnue qui souhaiterait devenir votre ami, avec qui vous n’avez aucun lien.
*Attention aussi si une personne veut maintenir votre amitié virtuelle secrète
*tente d’obtenir votre nom, adresse ou numéro de téléphone,
*qui insiste, tente de vous amadouer ou qui vous contraint à vous livrer à certains actes sexuels devant la webcam ou d’envoyer des photos, messages sexy.
(Aurélie Michel)