C’est après une scène épouvantable qui s’est produite à Spa en décembre 2019, lorsqu’un Spadois de 36 ans a tenté d’immoler par le feu un de ses amis SDF qu’il avait recueilli chez lui, qu’avait comparu devant le tribunal correctionnel le Spadois en question, détenu. Il risquait jusqu’à six ans de prison, peine réclamée par le ministère public.
Benoît Valière, le prévenu, et Nicolas se connaissaient depuis des années lorsque ce dernier, devenu SDF, est accueilli par Benoît. Les deux hommes sombrent dans un alcoolisme effréné, mais bien vite, les problèmes d’argent se posent, Nicolas étant sans aucune ressource. Les deux amis se disputent d’ailleurs souvent à cet égard, et Benoît, que plusieurs témoins décrivent comme agressif et même méchant lorsqu’il a bu, cogne souvent sur son camarade.
Le 19 décembre 2019, lorsqu’il s’aperçoit que Nicolas lui a menti sur une prochaine rentrée d’argent, il se met en colère, et massacre son ami. Il semble alors qu’il répande de l’essence sur le corps de Nicolas inconscient et y mette le feu. Ce dernier en réchappera cependant, gisant pendant trois jours sur le divan de Benoît, et ce n’est qu’au bout de ce temps là qu’un visiteur, alarmé par l’état de la victime agonisante, alertera les secours qui trouveront Nicolas atrocement brûlé au dos et une jambe carbonisée, la talon d’Achille ayant fondu. Longtemps entre la vie et la mort, il en réchappera, mutilé cependant à vie.
Benoît racontera que Nicolas avait été agressé à Verviers et était revenu en slip, mettant ces horribles brûlures sur le compte d’une prétendue maladie de peau. Jusqu’à ce que l’analyse des traces de brûlures au sol et de sang et surtout les révélations d’un des ses amis à qui il avait avoué avoir immolé quelqu’un ne le confondent.
C’est donc pour tentative de meurtre et torture que Benoît a comparu devant le tribunal correctionnel, où il s’était réfugié derrière la classique absence de souvenirs. Mais pour le ministère public, l’intention homicide et la particulière cruauté dont il a fait preuve sont évidentes. Il réclamait donc six ans de prison ferme.
En novembre 2020, le tribunal correctionnel n’avait pas retenu la tentative de meurtre, mais bien les tortures, pour lesquelles il avait infligé à Benoît une peine de 5 ans, avec sursis probatoire pour la moitié. Mais en appel, pourvu par le Parquet, la Cour a cette fois reconnu qu’il y avait bien tentative de meurtre, et infligé au prévenu une peine de 8 ans de prison ferme. (Luc Brunclair)