Dans ce Mobil’Idées largement consacré à Seat, on aurait évidemment pu retrouver l’un des modèles proposés à la vente par la Sociedad Española de Automóviles de Turismo durant les années ’50, ’60 ou ’70… ce qui revenait en fait à vous faire découvrir des adaptations de nombreuses Fiat de l’époque, dès l’instant où Seat avait bel et bien vu le jour avec l’aide du géant italien. Jusqu’au début de la décennie ’80, à quelques exceptions près, l’histoire de Seat n’est donc pas fondamentalement intéressante…
Et le salut de Seat, il allait venir de Volkswagen ! Le groupe allemand devient en effet partenaire commercial et industriel des Espagnols. Et si certaines Audi et Volkswagen allaient être construites dans les usines Seat, un premier modèle enfin original faisait son apparition en 1984 : l’Ibiza ! Enfin, original, plus ou moins, car le projet qui allait aboutir à l’Ibiza avait initialement été refusé pour la deuxième génération de la VW Golf !
Le look de l’Ibiza, bien en l’air du temps, on le doit à la société Italdesign d’un certain Giorgietto Giugiaro, parti d’une plateforme de… Fiat Ritmo ! Ou quand l’histoire a tendance à se répéter… Présentée au Mondial de l’Automobile de Paris, elle allait d’emblée faire mouche, séduisant une clientèle jeune, qui avait clairement du soleil plein la tête. Il convient même de parler d’incroyable Success Story, puisque Seat allait produire plus de 1.342.000 Ibiza de la première génération.
Parmi les éléments expliquant le succès de l’Ibiza, on retrouve une autre collaboration à découvrir… sous le capot ! Voilà en effet un petit quelque-chose qui allait faire toute la différence : une mécanique… System Porsche ! Inutile pourtant d’imaginer un quelconque bloc du célèbre constructeur allemand, celui-ci ayant plus simplement collaboré au développement des moteurs et boîte de vitesses de l’Ibiza. Mieux, pour pouvoir faire figurer la mention ‘System Porsche’ sur ses moteurs, Seat devait payer à l’époque la somme, certes modeste, de 7 deutsche marks à Porsche… par Ibiza vendue ! Mais au niveau image, c’était juste génial…
Peu de génie par contre au niveau de l’équipement et de l’habitacle, bien dans le style de ce qui se faisait au cœur des années ’80, période dorée d’un plastique omniprésent. C’est fonctionnel et pratique, à défaut d’être spectaculaire. Par contre, l’habitabilité du modèle est plutôt étonnante, impression confirmée par un coffre de 320 dm³, qui tire pleinement profit du fait que la roue de secours a trouvé placé… sur le compartiment moteur, à l’avant.
En fait, ce qui aller marquer l’histoire, c’est le caractère moderne de l’Ibiza. Avec ses mécaniques de 1200 et 1500cc, la première Seat digne de ce nom dépassait les 150 km/h en pointe. Le tout doublé par des suspensions avant qu’il convient de qualifier de bien dans l’air du temps, et d’un train arrière efficace.
Si l’Ibiza n’est pas la plus confortable des automobiles, ses sièges étant plutôt fermes et son niveau sonore élevé, à 37 printemps pour notre modèle d’essai, elle continue de trouver sa place dans la circulation actuelle. Et ce qui ne gâche rien, avec une consommation oscillant entre 5 et 9 litres au 100 kilomètres, selon l’usage, le modèle n’était assurément pas le plus vorace des années ’80.
Cela signifie-t-il que la première version de la Seat Ibiza, ou Ibiza Mk1, constitue une bonne pioche pour l’amateur de voitures anciennes souhaitant entamer une collection ? Oui et non. Oui, car avec une production qui a duré près de 10 ans, cette voiture n’est pas rare. Le look Giugiaro passe bien, avec les roues renvoyées aux extrémités, et si on prend bien soin de la carrosserie, l’Ibiza Mk1 peut encore être synonyme de plaisir, sans devoir casser sa tirelire.
Par contre, comme on a pu le constater lors de notre essai, l’Ibiza de la première génération ne donne pas encore l’impression d’une voiture ‘ancienne’. Elle compte parmi les Youngtimers à la popularité toujours plus importante, mais ne fait nullement tourner les têtes. Du moins pas encore. Surtout dans cette teinte plutôt terne, par un jour de pluie. Qu’on ne s’y trompe néanmoins pas, en trônant fièrement dans la D’Ieteren Gallery, cette Ibiza de 1985 attend son heure et une nouvelle période de gloire qui ne manquera pas d’arriver. (Vincent Franssen)
