Julien Mathieu, producteur laitier: "On devra choisir entre manger ou se chauffer"

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Depuis quelques années, notre pays est confronté à de plus en plus de sécheresses. Des sécheresses estivales qui pourraient devenir une nouvelle normalité et qui impactent fortement les agriculteurs. Leurs rendements baissent et ils vont manquer de fourrage pour l’hiver. Alors comment faire face à ces changements climatiques? Julien Mathieu, producteur laitier à Jalhay, revient sur les défis à venir et des pistes de solutions qui s’offrent aux agriculteurs. 

Le constat: "On alimente déjà notre bétail avec la récolte de cette année"

"Nous sommes dans une région herbagère, de prairies permanentes. Nous dépendons totalement du rendement de la prairie, explique Julien Mathieu. Il faut savoir que depuis le 15 juin, nous n’avons aucune croissance de l’herbe. Depuis le 15 juillet, on alimente des animaux moins prioritaires avec des réserves de l’an passé et, depuis 3 semaines, on a ouvert les récoltes de cette année pour alimenter la totalité du bétail, du veau à la vache laitière. On entame nos réserves d’hiver. On essaie de trouver, à gauche, à droite, des stocks excédentaires".

"Même s’il repleut, il n’y aura pas de troisième coupe"

"Normalement, quand tout va bien, les prairies de fauche auront jusqu’à 4 à 5 coupes. Cette année, on a fait deux coupes. La deuxième coupe était déjà moins productive en raison du climat non-favorable: on avait un vent du Nord, un terrain déjà sec au départ et les engrais étaient très, très chers. Tous ces éléments font que, même s’il repleut, nous n’aurons pas de troisième et de quatrième coupe".

L’alimentation en concurrence avec l’énergie

 « Aujourd’hui, en 2022, suite au conflit en Ukraine, je suis en concurrence pour acheter du maïs pour nourrir mes vaches avec les agriculteurs allemands qui ont des centrales de biométhanisation. Eux, ont tout intérêt à utiliser ce maïs pour faire de l’énergie plutôt que de nous le laisser pour soigner notre bétail. Nous sommes devant un dilemme. La société est devant un dilemme : va-t-on se chauffer ou se nourrir ? C’est peut-être un peu caricatural, mais c’est ce que nous vivons. On s’attend à ce que les maïs soient relativement chers. Ces agriculteurs allemands, qui subissent aussi la sécheresse, pour combler le déficit, préféreront acheter le maïs destiné au bétail.

On utilise la pulpe de betteraves déshydratée parce que l’énergie pour déshydrater ces betteraves coûtent trop cher. Et un gros groupe va peut-être préférer utiliser cette pulpe pour la bio méthanisation plutôt que de nous la laisser pour nourrir notre bétail ».

"D’autres cultures apparaissent"

« On voit de nouvelles cultures qui apparaissent : la silphie, qui est toujours au stade très expérimentale. La vache a besoin de cellulose qu’on retrouve dans l’herbe et le maïs mais ceux-ci sont sensibles à la sécheresse. La silphie est une plante qui s’implante pour 7-8 ans et qui supporte bien la sécheresse. Elle génère un rendement relativement intéressant même si elle a moins de qualités nutritionnelles, elle permet d’amener de la structure, de la cellulose, dans la ration de la vache laitière.

Il y a aussi la culture de la luzerne qui s’est peu développée dans notre région car nous sommes sur des terrains acides. Il serait possible d’implanter la luzerne moyennant des entrants de calcaire importants. Avec la particularité que la luzerne est sensible au tassement.

On voit aussi apparaître le sorgho fourrager, ce seront des plantes avec lesquelles il faudra compter demain».

 

Parmi les pistes de solution: la sélection génétique 

« Je vois aussi dans la sélection génétique du bétail une manière d’améliorer les rendements, la qualité morphologique du bétail pour essayer d’avoir moins de jeunes bêtes possible. Les vaches vont devoir vieillir. Une vache va vêler dans les exploitations la première fois à 23-25 mois. Parfois, 25% du troupeau doit aller à l’abattoir la première année de lactation car elles ont des problèmes aux pattes, des malformations de pis en raison d’une mauvaise sélection génétique.

Aujourd’hui, on fait une analyse génomique au veau, on lui prélève du cartilage dans l’oreille, on analyse ses caractéristiques génétiques et on sait dire : « Ce veau-là va générer une vache qui ne donnera pas beaucoup de lait » Faut-il sélectionner du coup le bétail pour que celui-ci produise plus longtemps du lait ? Et ainsi avoir moins besoin de fourrage pour nourrir du jeune bétail, non-productif ».

(Aurélie Michel)

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